Le Comité des grâces de l’état de Géorgie a refusé d’accorder sa grâce à Troy Davis. Il s’agissait de son dernier recours possible auprès de la justice américaine. Le Comité avait commencé à délibérer lundi soir sur la décision de commuer ou non en prison à vie la condamnation à mort de Davis. La décision a été prise ce mardi : l’exécution par injection mortelle est maintenue. La réaction des associations ne s’est pas faite attendre, celle d’Amnesty International en tête. « Nous avons suivi ce cas de très près, explique Didier Baudet, responsable de la commission « Abolition peine de mort » à Amnesty International. Il est très difficile pour nous de comprendre pourquoi l’exécution est maintenue, alors que subsistent des doutes extrêmement forts sur la culpabilité de Troy Davis ».
Troy Davis, 42 ans, a été condamné en 1991 pour le meurtre d’un jeune policier blanc Mark Allen McPhail. Dans la nuit du 19 août 1989 le jeune policier de 27 ans a été tué de deux balles sur le parking d’un Burger King de Savannah (Géorgie), où il s’était rendu pour porter secours à un SDF victime d’une agression. Neuf témoins désignent à l'époque Troy Davis comme l'auteur du coup de feu. Si ce dernier admet avoir été sur les lieux du crime, il clame son innocence. De plus, aucune preuve matérielle n’est apportée au dossier, ni l'arme du crime qui n'a jamais été retrouvée, ni aucune empreinte digitale ou trace d’ADN. Il est cependant condamné à mort en 1991. Depuis, sept témoins sont revenus sur leurs déclarations, plusieurs d’entre eux accusant les policiers de les avoir forcés à faire de faux témoignages. Depuis sa première condamnation, la date d'exécution de Troy Davis a déjà été fixée puis reportée trois fois : le 17 juillet 2007, le 23 septembre 2008 et le 27 octobre 2008.
En août 2009, la Cour suprême avait offert à Troy Davis la possibilité exceptionnelle d'organiser une nouvelle audience. Mais les nouveaux témoignages n’avaient pas réussi à convaincre le juge fédéral. Amnesty International France se dit « révoltée » par la décision du Comité des grâces de Géorgie qu'elle considère comme « un affront à la justice ». « Nous ferons pression jusqu’au bout auprès du Comité des grâces et du procureur : même si les chances sont extrêmement faibles, la mobilisation pour Troy Davis doit continuer », martèle Didier Baudet.
L’exécution de Davis est fixée au mercredi 21 septembre à 19h (jeudi à 1h en France).
Marion Roucheux
Crédit photo : Georgia Department of Corrections
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