Dans le métro, le soir au creux de l'oreiller, au déjeuner, ou pour se motiver le matin, le podcast est vite devenu notre hôte sûr. Le binôme nécessaire de nos insomnies, plages de vide et autres instants creux, garantissant en retour divertissement, savoir, réconfort et galéjade. Mais quelles écoutes privilégier ? Voici notre petite sélection parmi les plus éclectiques, inclusives et incarnées. Des podcasts qui font du bien aux oreilles, et au moral.
C'est quoi ? Anaïs Bordages et Marie Telling sont journalistes chez Slate, mais aussi amies. Ensemble, elles se lancent dans de trépidants visionnages thématiques, à chaque saison : la série Twin Peaks, les films d'horreur et les rom coms (les deux en parallèle, pour plus de grand écart façon Van Damme), les "navets ou chefs d'oeuvre". Elles partagent, elles découvrent, elles rient (beaucoup), et surtout : elles en parlent.
Pourquoi on aime : Soyons lucides, la majorité des podcasts ciné en France sont des "podcasts de potes", faits entre amis. Or, ce podcast Slate est le seul à l'assumer : c'est son titre ! On aime l'honnêteté. Bon point. Mais la force de la chose, c'est sa narration. Pour chaque épisode, le duo s'enregistre durant son visionnage du film ou de la série en question. Le décryptage de l'oeuvre est ponctué de ces réactions spontanées - savoureuses lorsqu'il s'agit de films d'horreur blindés de "jumpscare" (attention à vos oreilles !).
Procédé ludique et immersif, très drôle aussi (entre le mood du visionnage, et celui du bilan, d'amusants contrastes se perçoivent) mais qui ne serait pas si efficace sans l'amitié bien réelle qui palpite entre les deux journalistes, source d'anecdotes, de taquineries et de remarques complices qui ne s'inventent pas. Quelque part, le "Friends" des podcasts fr. On l'écoute ici.
C'est quoi ? Deux amies (on y revient encore), Laura et Alice, papotent de tout et de rien sans exclure le moins du monde digressions, "tunnels" dignes des orateurs politiques, vertigineuses introspections tragicomiques et surtout, potacheries en tout genre. Ashton Kutcher, la nostalgie 2000s, les aléas du quotidien, rien ne vous sera épargné. Tant mieux.
Pourquoi on aime : Le podcast le plus drôle de France est aussi le plus fou. Lointain cousin du "Floodcast" de Florent Bernard et Adrien Ménielle, "Onomatopet" à l'instar du jeu de mot distingué qui constitue son titre est une création qui ouvre grand la porte aux blagues 2.0 et aux rires bruyants.
Difficile de résumer une écoute qui se joue avant tout de l'adéquation parfaite entre ses deux animatrices, à l'univers très singulier. C'est le rendez-vous adéquat pour qui aime ces longues conversations nocturnes entre potes où s'entrechoquent vingt sujets de société et autant de voies parallèles possibles à entreprendre, façon multivers des digressions philosophiques. L'antidote définitif à la morosité. On l'écoute ici.
C'est quoi ? Féru(e)s de cinéma d'horreur : bienvenue. La team "Jumpscare" décortique pour votre plus grand plaisir Evil Dead, Massacre à la tronçonneuse, Saw, mais aussi le ciné japonais le plus cinglé, les séries B à base de dragons de Komodo furibards, et les slasher qui feraient passer Souviens-toi l'été dernier pour Cris et chuchotements.
Pourquoi on aime : On imagine guère podcast "de bande" plus érudit en fait. Jumpscare propose une polyphonie d'une rare complémentarité. Dans cette team égalitaire et mixte réunie par Romain Plourde, chaque voix se révèle spécialiste en un genre ou sous-genre de l'horreur parfois super précis - au hasard, les films de cannibales ou de gosses démoniaques. Tout ce qui manque à la filmo de Hugh Grant.
Ce qui ne rend pas l'écoute trop "de niche" pour autant. Au contraire, vulgarisation, esprit de synthèse, et, c'est le meilleur, savoureuse subjectivité, constituent l'ADN de ce podcast à la fois accessible, pluriel et très incarné, volontiers enrichi de prises de bec, d'esprit critique et de conviviales discordes. Sur le sujet, la meilleure écoute hexagonale du moment.
On l'écoute ici.
C'est quoi ? Est-il encore utile de vous présenter le podcast de référence absolu sur Mylène Farmer ? Une icône avant-gardiste, provoc, spectaculaire et super queer, qui ne se raconte jamais mieux qu'en audio.
Pourquoi on aime : Car les 40 ans de carrière de Mylène Farmer sont l'occasion rêvée pour saluer la douce radicalité d'un tel projet : dédier des heures entières, album après album, tournée après tournée, à la plus inclassable des reines de la chanson française. Mais aussi, aux motifs de son univers polymorphe.
Aussi importante dans l'histoire des clips que dans celle de la communauté LGBT hexagonale, "Mylène" cristallise tant de réflexions que l'aborder avec autant d'érudition ne limite pas l'écoute à sa simple fanbase. Au contraire, ce podcast est aussi un excellent moyen de comprendre pourquoi l'éternelle libertine pourrait bien faire vibrer votre corde sensible, même si vous ne connaissez que quelques hits sulfureux. Ponctuez le tout de playlists !
On l'écoute ici.
C'est quoi ? Tout est dans le titre : accompagnée de sa joyeuse bande de comparses lecteurices, Victoire s'attèle à décortiquer les adaptations, en films et séries, de nos bouquins préférés. D'un Goncourt à Francis Scott Fitzgerald, des romances mélancoliques de Jane Austen aux contes truculents de Roald Dahl en passant par Lolita Pille.
Pourquoi on aime : Déjà, car dans l'amoncellement de (par ailleurs très chouettes) podcasts Société, True Crime et Ciné qui constituent l'essentiel du paysage hexagonal, on a pas toujours l'occasion de vous reco' un focus Littérature. Le mot se conjugue au pluriel ici tant la diversité y flamboie. Pas seulement dans le panel d'auteurices abordés mais aussi par les points de vue toujours très subjectifs de celleux qui en parlent.
Humour, connaissances, analyse s'entrechoquent, mais surtout, dialogue, découverte, curiosité. Le côté "podcast de groupe" facilite la complémentarité des opinions. Surtout quand le roman et l'adaptation en question touchent à des sujets sensibles - c'est le cas des Choses humaines, captivante fiction post-#MeToo signée Karine Tuil, d'une salutaire complexité, qui a eu droit à son épisode dédié. Et puis bon, vous en connaissez beaucoup, des podcasts qui parlent de Lolita Pille ? Mille fois hélas, pas tant que ça. On l'écoute ici.