Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines personnes aimaient les animaux et pourquoi d'autres y étaient indifférentes ? Quand certaines voient en leur boule de poils des amis fidèles à choyer, d'autres, à l'inverse, ne comprennent pas que l'on puisse s'attacher à des animaux. Selon une enquête de la FACCO (Fédération des fabricants d'aliments préparés pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers) réalisée en mai 2017 et relayée par Le Dauphiné, les Français posséderaient près de 13,5 millions de chats (contre 10 millions en 2006) et 7,3 millions de chiens.
En moyenne, 49,5% des foyers français ont un animal domestique et 4% de ces bêtes sont assurés. Comme en témoignent les images tournées par Le Parisien à l'occasion de la Journée du Patrimoine en septembre dernier, le cimetière pour animaux d'Asnières-sur-Seine est le plus vieux du monde. Chiens, chats, lapins, moutons, chevaux, et même une poule y ont été mis en terre, sous d'authentiques pierres tombales entretenues par leur maître. D'où vient cet engouement pour les animaux ? Et pourquoi n'est-il pas le même pour tous ?
Pour certaines personnes seules ou isolées, avoir un animal revient à avoir une compagnie, un être vivant à câliner et à qui parler. Loin d'être futile, le facteur santé est à prendre en compte, car posséder un animal pourrait réduire considérablement le sentiment de solitude et atténuer les symptômes de la dépression. Une récente étude britannique relayée par le New York Times a d'ailleurs démontré que les personnes âgées possédant un chien faisaient 20% plus d'activité physique que les seniors qui n'en avaient pas et passaient en moyenne 30 minutes de moins par jour à être sédentaires.
Puis il y a aussi la notion d'habitude. Une personne ayant grandi dans un foyer avec un animal aura tendance à reproduire ce schéma familial lorsqu'elle prendra son envol. Car ce sera parfaitement normal pour elle de considérer les animaux comme des membres à part entière de la famille. A l'inverse, une personne qui n'a pas grandi avec des animaux peut ne pas ressentir le manque, ni y voir un quelconque intérêt.
En dehors de ces deux facteurs, les spécialistes ne sont pas unanimes sur les raisons qui amènent certaines personnes à aimer les animaux plus que d'autres. Selon Annique Lavergne, docteure en psychologie et spécialiste du deuil animalier au Canada, interviewée par Psychologies, le rejet face aux animaux pourrait résulter "d'une gêne face à l'amour inconditionnel dont les animaux font preuve".
Pour la psychanalyste Marjolaine Heymes, le fait que l'animal "recherche le toucher" pourrait mettre certaines personnes mal à l'aise. "Sa nature instinctuelle nous interroge sur notre propre capacité de contact". La scientifique va même plus loin et affirme que certaines de ces personnes pourraient "se sentir mal dans leur enveloppe corporelle et coupées des sensations. Le contact et les échanges physiques deviennent ainsi, pour la personne qui n'aime pas les bêtes, une source d'appréhension, voire d'angoisse".
Pour John Bradshaw, chercheur en anthropologie et auteur de livres de psychologie populaire, la génétique prédestinerait certains êtres humains à aimer les animaux ou non. Dans The Independent, il explique que notre rapport avec les animaux résulterait de ceux qu'entretenaient nos ancêtres avec eux, entre la fin du Paléolithique (première période préhistorique) et le Néolithique (période préhistorique marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, au cours de laquelle l'agriculture et l'élevage ont émergé). Selon John Bradshaw donc, l'ADN des animaux domestiques d'aujourd'hui révélerait en effet que chaque espèce s'est séparée de ses pairs sauvages il y a plusieurs millénaires.
En somme, les hommes préhistoriques adeptes de l'agriculture et de l'élevage auraient isolé certains animaux sauvages (chiens, chats, bovins, porcs...) pour les domestiquer et auraient développé de l'empathie à leur égard. De cette façon, les nouveaux animaux semi-domestiqués auraient pu évoluer loin de l'état sauvage de leurs ancêtres et devenir les bêtes aimantes que nous connaissons aujourd'hui. Les gènes qui prédisposent donc aujourd'hui certaines personnes à aimer les animaux viendraient de ces agriculteurs. Tandis que ceux qui n'aiment pas forcément les animaux auraient plutôt les gènes des hommes préhistoriques adeptes de la chasse.
Difficile de prouver la véracité de toutes ces théories. Elles sont bien entendu à prendre avec des pincettes, mais il semblerait que chacune d'entre elles présentent néanmoins des points intéressants à étudier de plus près. A quel clan appartenez-vous ?