Depuis que votre enfant a passé le cap fatidique des 15 ans, c'est toutes les semaines la même chose, vous avez beau lui demander poliment de ranger sa chambre, puis de passer à la supplication impatiente, et enfin de le menacer sourdement de balancer toutes ses affaires à la poubelle, rien n'y fait : il se refuse à ranger sa chambre.
Et pourtant, il y aurait du boulot. Car entre les tas de vêtements qui jonchent le sol et les piles de cahier et de bouquins qui traînent sur son bureau (sans parler des assiettes et autres pots de yaourt planqués sous son lit), c'est bien simple : à chaque fois que vous mettez les pieds dans son antre, vous manquez de défaillir et devez résister pour ne pas vous mettre à tout ranger.
Plutôt que de vous torturer l'esprit en vous persuadant que "vous ne l'avez pas élevé comme ça", lisez plutôt ce scoop : si votre ado est bordélique, vous n'y êtes absolument pour rien. Le grand fautif, c'est son cerveau.
Une "connectivité à la traîne"
C'est en tout cas ce qu'avance la directrice département de neurologie à l'Université de Pennsylvanie, Frances Jensen. Dans un article paru sur le Washington Post, cette neuroscientifique, par ailleurs mère célibataire de deux garçons, s'est penchée sur les "secrets" que renferment les cerveaux des adolescents, pour comprendre comment ils pouvaient vivre pendant des semaines avec un tas de vêtements entassés sur le plancher de leur chambre.
Il s'avère que leur tolérance au désordre (et leur immense flemme à l'idée de ranger) est bien commandée par leur cerveau. "Bien que les hormones jouent un certain rôle", explique Frances Jensen, "une grande partie du comportement des adolescents peut être attribuée au fait que leur cerveau n'est pas encore complètement développé. Contrairement à ce que l'on croit, notre cerveau ne termine pas sa croissance pendant l'enfance, elle se poursuit jusqu'à l'adolescence."
"Chez les adolescents, cela signifie que le cortex préfrontal - ce qui rend apte à porter des jugements, à calculer les risques et à contrôler leurs impulsions – n'est pas encore entièrement relié à la région du cerveau qui cherche le plaisir et la récompense", poursuit le médecin. "C'est comme une Ferrari sans freins."
C'est parce que leur cerveau n'a pas tout à fait terminé sa croissance que les ados préféreront toujours regarder un épisode de Game of Thrones à ranger leur chambre.
Pour autant, rappelle le Dr Jensen, ça ne veut pas dire que les ados ne sont pas intelligents. C'est simplement qu'il n'a pas encore atteint son "pic d'apprentissage". "Là est le paradoxe, conclut la neuroscientifique. Ils sont très intelligents et éveillés... mais leur connectivité est à la traîne." De quoi nous rassurer ?