Alors que le Qatar s'apprête à accueillir la prochaine Coupe du monde de football, qui débutera le 20 novembre prochain, plusieurs associations LGBT et ONG de défense des droits humains montent au créneau.
Ainsi, l'ONG Human Rights Watch, qui a déjà alerté à plusieurs reprises sur la situation des personnes queer au Qatar, dénonce dans une nouvelle publication, ce lundi 24 octobre, les violences infligées à la communauté LGBTQIA+.
Discriminations, mauvais traitements en détention, violations du droit à la vie privée et pratiques visant la conversion... Les personnes LGBT subiraient des violences et des arrestations du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Human Rights Watch rapporte ainsi que des personnes LGBT auraient été "arrêtées arbitrairement" et "soumises à des mauvais traitements en détention".
Human Rights Watch évoque "six cas de passages à tabac graves et répétés et cinq cas de harcèlement sexuel en garde à vue entre 2019 et 2022". Elle fait état de thérapies de conversions imposées aux détenu·e·s trans, condition sine qua non à leur libération. Ces thérapies auraient lieu dans "un centre de 'soutien comportemental' parrainé par le gouvernement".
Parmi les Qatari·e·s interrogé·e·s par l'ONG (quatre femmes transgenres, une femme bisexuelle et un homme gay), tous·tes ont assuré avoir été détenu·e·s par des agents du Département de la sécurité préventive dans une prison souterraine à Al Dafneh, à Doha. Elles auraient reçu des gifles, des coups de pied et de poing "et ce jusqu'au sang", détaille l'ONG.
"Les agents de sécurité ont également infligé aux détenus des violences verbales, leur ont extorqué des aveux forcés et leur ont refusé l'accès à un avocat, à leur famille et à des soins médicaux", déclare Human Right Watchs. Les détenu·e·s affirment aussi avoir été forcé·e·s de signer "des déclarations où elles s'engageaient à 'cesser toute activité immorale'".
Les témoignages décrivent des moments humiliants. "Ils (ces agents- ndlr) m'ont donné des lingettes et m'ont fait essuyer le maquillage que j'avais sur le visage. (...) Ils ont utilisé les lingettes tachées de maquillage comme preuve contre moi et ont pris une photo de moi avec les lingettes dans ma main. Ils m'ont aussi rasé les cheveux", rapporte l'une des femmes trans interrogée.
Une autre victime présumée décrit "une mafia". "Ils me battaient tous les jours et me rasaient les cheveux. Ils m'ont également fait enlever ma chemise et ont pris une photo de mes seins. À cause de ma détention, j'ai fait une dépression. Aujourd'hui encore, je fais des cauchemars et je suis terrifiée à l'idée de me rendre dans un lieu public", explique-t-elle.
Le gouvernement qatari a répliqué auprès de l'AFP, affirmant que ces allégations étaient "absolument fausses" et que "le Qatar ne tolère aucune discrimination à l'égard de qui que ce soit, et nos politiques et procédures reposent sur un engagement en faveur des droits humains pour tous".
Pourtant les médias abordant des thématiques LGBT au sein du petit émirat du Moyen-Orient sont encore censurés et les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont punies de sept ans de prison.
Aujourd'hui, Human Rights Watch sonne de nouveau l'alerte : "Le gouvernement qatari devrait exiger l'arrêt immédiat de tels abus et la FIFA devrait pousser le gouvernement qatari à engager une réforme à long terme qui permette de protéger les personnes LGBT de toute forme de discrimination et de violence", estime l'ONG.