La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a remis, jeudi 18 juin, un rapport au Premier ministre qui mesure les discriminations et le racisme en France, informe l'AFP. Pour ce faire, l'institution évalue "l'indice de tolérance" de la population, qui s'élève à 66 en 2019, soit un point de moins qu'en 2018. Un pas en arrière "limité", assure l'organisme, qui ne "remet pas en cause les progrès accumulés au cours des années précédentes" (entre 2013 et 2019, il a augmenté de 13 points).
La CNCDH insiste cependant sur le racisme anti-Noir·e·s, très présent en France. "Alors que la minorité noire est avec la minorité juive celle qui a la meilleure image", selon son baromètre, "elle est en butte au quotidien à des préjugés offensants et des discriminations nombreuses", précise-t-elle. Et constate : "Sur les réseaux sociaux ou dans les stades, s'exprime un racisme anti-Noirs extrêmement cru, animalisant et violent, construit par opposition à une norme blanche".
L'institution appuie ses recherches d'un sondage commun de l'Insee-Ined, sur les descendant·e·s d'immigré·e·s établi·e·s en France , qui observe que "les Noirs, aux côtés des Maghrébins subissent plus de discriminations que le reste de la population : ce serait le cas de 31 % des personnes originaires des DOM et de 47 % des immigrés originaires d'Afrique subsaharienne".
Pour l'organisme, ce fléau se nourrit directement des manquements de la société : "au-delà des infractions, c'est tout à la fois une histoire, une culture et un ensemble de préjugés qui sont à la racine du racisme anti-Noirs". Elle l'assure : "Comme la lutte pour l'égalité femme-homme, le combat contre le racisme envers la minorité noire nécessite une prise de conscience du phénomène par la société dans son ensemble, une décolonisation des esprits".
L'enquête met aussi en avant le fait que les personnes noires occupent "encore trop souvent une place subalterne dans la société française" et soulève "une distribution fonctionnelle des tâches avec une surreprésentation des personnes noires dans les métiers peu qualifiés".
Autre constat dramatique : les violences policières et les contrôles abusifs dont témoignent les "personnes qui se considèrent comme noires", d'après un rapport du Défenseur des droits datant de 2016. Le document expliquent ainsi qu'elles sont "davantage victimes de comportements non conformes à la déontologie policière et courent davantage le risque d'être tutoyées, insultées, voire brutalisées". A rappeler que l'étude a été bouclée en mars, avant la mobilisation actuelle.