Rafael Nadal est connu pour son jeu époustouflant et son palmarès incroyable. Le sportif espagnol sacré 22 fois en Grand chelem s'est illustré une fois de plus sur le court Philippe-Chatrier, dimanche 5 juin, à Roland-Garros, en remportant le tournoi pour la 14e fois.
Comme à son habitude, il a également débuté le match avec tout un tas de rituels, connus sur les doigts de la main par ses fans. Il y a le réajustement de son slip, le tirage de maillot au niveau de l'épaule, le passage de ses cheveux derrière les oreilles, l'essuyage de nez, l'étalage de ses serviettes le long du court ou encore le nettoyage de la ligne de service suivi du tapotage de sa raquette.
"Les êtres humains ont besoin de routine et d'une certaine stabilité pour assurer un bon résultat. Je mets toujours en ordre les choses qui sont vraiment importantes. Cela me donne de la confiance et me garantit une tranquillité d'esprit de savoir que je fais tout ce que je peux pour que les choses aillent bien", s'était expliqué l'intéressé dans le cadre du circuit de tennis qu'il organisait avec MAPFRE en 2020. "Je parviens à cet état de concentration avec ces rituels. Je ne sais pas si c'est positif ou négatif, mais ça marche pour moi. C'est le moyen de différencier quand je suis en compétition du reste de ma vie."
Pour les expert·es, ce besoin de contrôle est justement le signe que "Rafael Nadal reste un grand anxieux", affirme auprès du Parisien la psychologue du sport Sophie Huguet. "Ses rituels lui permettent de se canaliser, de rester dans le moment présent et de repartir à zéro à chaque fois. Il est comme un pilote d'avion qui doit tout checker avant le décollage pour voir si tout est bien en place. Nadal doit être dans le contrôle de tout ce qu'il fait et de ses émotions. Ses habitudes sont le moyen qu'il a trouvé pour le faire."
Et d'ajouter : "La définition du TOC est qu'on ne peut pas s'en passer", reprend la psychologue Sophie Huguet. "On peut donc considérer certaines manies de Nadal à l'image du rituel des bouteilles comme des TOC car je pense qu'il ne pourrait plus faire sans. Il est dérangé s'il ne le fait pas. Toutefois, un TOC ne fait pas d'une personne un être perturbé : c'est un moyen de contrôle"
Mais Rafael Nadal contredit quelque peu le diagnostic, assurant qu'il n'est pas "esclave de la routine". "Certains appellent cela de la superstition, mais ce n'est pas le cas. Si c'était de la superstition, pourquoi continuerais-je à faire la même chose encore et encore, que je gagne ou que je perde ? C'est une façon de me placer dans un match, je mets en ordre mon entourage de façon à ce qu'il suive l'ordre que je cherche dans ma tête".
Clément Le Coz, psychologue du sport et préparateur mental, abonde en son sens auprès de BFM : "Le fait de se reposer sur une routine de performance, ce n'est en aucun cas un signe de faiblesse. Au contraire, selon moi, c'est signe de force, d'ouverture. Ce sont souvent des gens qui vont chercher un peu plus loin que les autres et ce sont souvent eux qui ont les meilleures performances." Plutôt rassurant quand on se retrouve dans le comportement du champion.