Les choses commencent à changer du côté des marques de protections hygiéniques. De plus en plus, on voit apparaître des pubs qui tablent davantage sur l'inclusivité et font surtout le pari de diffuser des spots plus réalistes. En France, le spot Nana lancé en septembre 2019 s'était transformé en ode aux vulves et dernièrement, c'est la compagnie américaine Kimberly-Clark qui a pris la décision de montrer les règles telles qu'elles sont - et par la même occasion d'aider à briser le tabou qui les entoure. Sa filiale Kotex, dont les produits périodiques sont essentiellement populaires aux Etats-Unis, montrera désormais un liquide rouge plutôt que bleu pour représenter le sang menstruel.
"Le sang, c'est le sang. C'est quelque chose que chaque femme a vécu, et il n'y a rien à cacher", décrète Sarah Paulsen, directrice de la création et du design pour les marques de soins féminins de Kimberly-Clark en Amérique du Nord.
Sur Instagram, le spot publicitaire compare la serviette U de chez Kotex à celle de son concurrent principale, la Always Infinity. La même quantité de liquide est versée sur les deux produits, de façon à mettre en valeur les performances du premier. Mais au-delà d'une absorption soi-disant trois fois supérieure à la protection Always, ce qui a marqué les internautes n'est autre que la couleur rouge diffusée sur la serviette, habituellement bleue.
"Je vous remercie d'avoir fait un énorme pas en avant pour déstigmatiser le corps féminin", peut-on lire dans les commentaires. "Cela me rend TRÈS heureuse de voir la couleur humaine du sang". Ou encore : "La dernière fois que j'ai vérifié, mes règles n'étaient pas bleues. Merci de défier les stigmates et de défendre nos corps !" Pour Kotex, la raison derrière cette prise de partie est claire : "Nous croyons en la remise en question des perceptions négatives des règles et le fait d'être réel avec la façon dont nos produits fonctionnent en fait partie".
Sur Terre, environ la moitié des femmes ont leurs règles. Un phénomène normal qui pourtant demeure extrêmement tabou. Dans certains pays, le discours autour des menstruations oscille entre honte et ignorance, et les conséquences sont graves : de nombreuses jeunes filles sont forcées d'abandonner l'école par manque de produits hygiéniques et d'endroits propres où se changer. En Afrique, 1 adolescente sur 10 ne s'y rend pas pendant ses règles. En France, 1,5 millions de personnes sont touchées, selon Le Monde.
Cette difficulté ou manque d'accès des personnes réglées aux protections hygiéniques par pauvreté s'appelle la précarité menstruelle. Alors si changer le liquide bleu pour du liquide rouge dans les pubs pour serviettes et tampons ne résoudra pas les choses instantanément, cela contribuera cependant à normaliser les menstruations, et par conséquent, à faire de ce fléau une priorité, et non plus uniquement un problème "de femmes".