Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bordeaux à la suite d'une plainte déposée par Yael Mellul, une ancienne avocate, le 23 mai dernier, selon le Journal du Dimanche. Elle porte sur la responsabilité présumée de Bertrand Cantat dans la mort de sa femme Krisztina Rady, en 2010. Suite à l'autopsie réalisée à l'époque, le suicide avait été confirmé et le chanteur n'avait pas été inquiété.
Aujourd'hui, l'ancienne avocate, désormais présidente de l'association Femme et Libre, affirme que Krisztina Rady a été victime de violences conjugales à caractère physique et psychologique. Selon elle, des violences ont conduit au suicide de Krisztina. Yael Mellul a été l'avocate de François Saubadu, le compagnon de Krisztina Rady, avant qu'elle ne se remette avec le chanteur en 2009. Yael Mellul a été entendue plus de quatre heures par des policiers et leur a porté des éléments qu'elle juge nouveaux. Il s'agit de conversation Facebook entre Krisztina Rady et la compagne d'un ancien membre de Noir Désir.
Suite à ce signalement, une enquête a été ouverte pour effectuer des vérifications. La procureure de la République de Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot, a indiqué à l'AFP : "J'ai reçu une plainte de la part de la présidente de l'association Femme et Libre. Il y a des éléments qu'il va falloir vérifier mais ça ne devrait pas remettre en question la première enquête qui a déjà eu lieu et qui avait donné lieu à un classement sans suite pour absence d'infraction."
Krisztina Rady, organisatrice de concerts en Hongrie, avait rencontré Bertrand Cantat en 1993 avant de se marier avec lui en 1997. Ils ont alors deux enfants, bien que, quelques jours après son deuxième accouchement, le chanteur la quitte pour s'installer avec Marie Trintignant. En 2002, cette dernière meurt sous les coups de Bertrand Cantat. A l'époque du procès en 2003, Krisztina Rady le défend et dément des actes de violence.
Dans une enquête du Point paru à l'automne dernier, un membre de Noir Désir témoigne anonymement : "Krisztina m'a vu et elle m'a demandé, à moi et à tous les autres membres du groupe, de cacher ce que l'on savait. Elle ne voulait pas que ses enfants sachent que leur père était un homme violent. Je savais qu'il avait frappé la femme avec qui il était avant Krisztina. Je savais qu'il avait tenté d'étrangler sa petite amie, en 1989. Je savais qu'il avait frappé Krisztina. Mais, ce jour-là, nous avons tous décidé de mentir. Nous étions tous sous son emprise. Et nous pensions qu'il se soignerait."
Dans cette même enquête, une voisine de Krisztina Rady raconte en parlant des enfants : "Clairement, elle les laissait chez nous pour les protéger [...] Elle avait peur que son mari ne vienne la chercher violemment. Kristina semblait être à la fois sous emprise, amoureuse, tiraillée, perdue."
Après des années de silence des différents acteurs du dossier, Yael Mellul espère de nouvelles réponses, comme elle l'explique au JDD : "J'ai expliqué que, dans un contexte de libération de la parole, le moment était aussi venu pour eux de libérer leur conscience. À l'issue de l'audition, les enquêteurs m'ont proposé de déposer plainte, ce que j'ai fait, contre Bertrand Cantat pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner"."
Actuellement, les parents de Krisztina soutiennent le chanteur. Selon l'avocate, ils auraient peur de ne plus pouvoir revoir leurs petits-enfants.
Selon l'avocat de Bertrand Cantat, Antonin Lévy, le chanteur attend de pouvoir de donner sa version des faits et d'être entendu par les enquêteurs. Il indique par communiqué : "Il demande depuis des semaines à être enfin entendu. Cette énième plainte est fondée sur des mensonges et sera classée sans suite, comme toutes les précédentes. Même la famille de Krisztina, pourtant première concernée, ne soutient pas cet acharnement."
Aujourd'hui, la carrière du chanteur peine à redécoller. Deux de ses concerts ont été annulés à l'Olympia, officiellement par peur de troubles à l'ordre public. Une date est cependant maintenue au Zénith de Paris le 7 juin 2018. A quelques jours du concert, la salle n'est pas pleine et les associations féministes se mobilisent pour manifester.