La Saint-Valentin transcende les un·es, déprime les autres et indiffère le reste. Généralement, les adeptes des démonstrations d'affection en public s'y rejoignent pour célébrer leur relation à grands coups de cadeaux parfois ratés et de promesses pas toujours tenues. Un rêve, en somme. Oui mais voilà, fête commerciale à son paroxysme, le 14 février représente un gâchis monumental chaque année. Rien qu'aux Etats-Unis, selon EHS Today, on compte environ 198 millions de roses produites et 14,1 milliards de dollars dépensés en gadgets en tout genre à l'effigie de la Saint-Valentin.
Et tout ça au nom de l'amour.
On ne vous l'apprend pas, tout ce qui entraîne une consommation de masse est dévastateur pour l'environnement. Alors loin de nous l'envie de gâcher la fête, mais pourquoi ne pas diriger tous ces bons sentiments vers celle qui nous supporte peu importe nos humeurs, notre apparence, notre manie de laisser traîner la tasse de café sale dans l'évier : la Terre. Notre belle planète mérite clairement qu'on lui montre qu'on tient à elle, et qu'on arrête une fois pour toutes d'acheter comme on respire. Voici 5 façons d'aimer qui lui bénéficieront principalement.
Les bouquets de fleurs coupées rendent certes très bien dans notre vase pastel sur la cheminée, mais représentent un impact considérable sur la planète. C'est même "le végétal le plus gourmand en eau et en pesticides", assure Khaoula Toumi, doctorante à l'université de Liège, à Télérama. "Non seulement les fleurs sont traitées avec de très nombreux produits – insecticides, fongicides... – mais en l'absence de réglementation en Europe il n'y a pas de limite maximale de résidus. Pas plus que d'obligation de respecter de délai entre l'application et la récolte".
Quel que soit le lieu de production, le résultat est destructeur, écologiquement comme socialement. En Europe, aux Pays-Bas plus précisément, le soleil n'est pas assez fort, les pousses requièrent donc une aide synthétique. Au Kenya, si le soleil est bien présent, la main d'oeuvre est souvent sous-payé.es et les coûts environnementaux de transports jusqu'en Europe, qui compose 50 % du marché des fleurs coupées dans le monde, finissent d'alourdir une note déjà salée.
La solution ? Passer aux plantes en pot bio, sourcées localement et qui sont natives de la région. Elles continuent de vivre dans notre salon, sur notre jardinière, dans notre salle de bain et respectent davantage l'écologie.
Quel meilleur moment de s'essayer aux fourneaux et de tester une recette végane (zéro cruauté animale), dont les ingrédients - locaux - proviendront de la coopérative du coin, que la Saint-Valentin ? Pour nous qui foulons le sol de notre cuisine simplement pour s'abreuver d'eau fraîche au robinet, en pleine nuit de gueule de bois, l'apprentissage semble audacieux. Mais c'est surtout ça, l'esprit du 14 février : prouver à l'autre qu'on peut sortir de sa zone de confort. C'est l'attention qui compte, nous a-t-on répété inlassablement, et tant pis si les lasagnes au butternut sentent le brûlé.
Pour les cadeaux, c'est pareil. Au lieu de miser sur une bague ou un vêtement achetés en ligne et pas vraiment clairs quant à leur méthode de fabrication ni les matériaux qui les composent, on opte pour un présent "immatériel" (place de spectacle, atelier, etc). Pour deux, de préférence. Histoire de passer du temps de qualité avec l'être aimé - et de profiter aussi, tant qu'à faire.
Paul, c'est un petit koala rescapé des flammes lors des incendies qui ont ravagé l'Australie. Il a été trouvé recroquevillé sur le sol brûlé, par un·e citoyen·ne qui l'a ensuite déposé à l'hôpital des koalas de Port Macquerie, en Nouvelle-Galles du Sud. Paul est arrivé gravement déshydraté et souffrant de brûlures aux mains et aux pieds, ce qui se produit généralement lorsqu'un koala descend le long du tronc brûlant de l'arbre, explique l'établissement. Sa fourrure est également brûlée sur 90% de son corps.
Aujourd'hui, s'il va un peu mieux, c'est en partie grâce aux dons venus des quatre coins du monde. Pour 40 $ australien (25 €), on peut ainsi "e-adopter" Paul (ou d'autres koalas trop choux). Via cet argent, on aide l'hôpital à les nourrir et à leur prodiguer des soins, et en retour on reçoit des nouvelles de notre petit animal à poil.
Ce type d'action vaut d'ailleurs pour toutes les organisations qui protègent les animaux et la planète. En versant une somme, même modeste, on contribue à permettre aux ONG et aux plus petites associations de faire leur travail, essentiel à la protection de l'environnement. Et le sentiment d'accomplissement surpasse clairement l'achat d'un paquet de chocolats en forme de coeur, dont un sur trois a le goût de liqueur.
L'association PETA le rappelle justement sur son site : "La maltraitance d'êtres innocents n'a rien de romantique". On le suggérait plus haut, pourquoi ne pas prendre la décision de devenir végan·e, comme un cadeau qu'on ferait au monde animal. Ce n'est un secret pour personne, les conditions dans lesquelles est élevée la majeure partie du bétail et de la volaille qui finit dans nos assiettes, sont déplorables. Torture, maladies, infections, suffocation, la vie des vaches, poulets ou encore cochons est loin de ce qu'on nous vend sur les emballages.
Celles et ceux qui craignent un changement trop brutal peuvent commencer par ne consommer des produits d'origine animale que quelques fois dans la semaine, puis plus du tout. Encore hésitant·e ? L'association de protection des animaux sort l'argument choc : "De nombreux aliments végans contiennent des aphrodisiaques naturels".
Certes, les lettres manuscrites façon Guerre et Paix ont de quoi nous émouvoir. Recevoir des lignes qui témoignent de l'amour qu'on a pour nous, c'est précieux. Seulement l'écrit a un prix. Hallmark, une chaîne de grande distribution américaine, chiffrait à 141 millions de cartes achetées dans ses magasins chaque année pour la Saint-Valentin (nombre qui exclut les cartes fabriquées par les enfants en classe). Et la plupart du temps, ces bouts de papier et de carton finissent - avouons-le - à la poubelle. Plus de preuves d'affection, mais plus de déchets aussi.
Alors que se regarder dans le blanc des yeux en prenant le petit-déjeuner (sourcé localement) au lit, ça, ça n'a pas de prix. Se promener en forêt, en montagne, au bord de l'eau ou quel que soit le patrimoine naturel à disposition sans prendre l'avion, en se tenant la main, non plus. Rose n'a jamais écrit de lettre à Jack et pourtant, ils n'avaient pas l'air de douter de leur amour (ils n'en ont pas eu le temps, mais passons). Faire un geste qui change de l'ordinaire ne requiert pas de matériel, seulement d'être sincère.
Alors, conquis·e ?