Vous avez enfilé votre plus beau pull de Noël, vous chantonnez du Mariah Carey sur le trajet du boulot et frôlez l'overdose de lait de poule. Oui, les fêtes approchent et cela vous met en joie. La planète, par contre, est d'humeur beaucoup moins guillerette. Car cette période festive se traduit par des monceaux d'emballages (20 000 tonnes d'emballages cadeaux produites chaque année en France), d'achats de babioles en plastique (qui finiront à la poubelle) et de quantité phénoménale de gaspillage alimentaire.
Réjouissons-nous : oui, il est possible de passer des fêtes sans pousser le curseur du too much. Consommer moins, différemment, de façon plus respectueuse de l'environnement. Et conserver ces bons réflexes zéro déchet tout au long de l'année.
Julie Sauvêtre de l'association Zero Waste France nous livre ses conseils malins pour limiter son impact pendant cette période d'excès.
Le principe de base est d'éviter au maximum les décorations à usage unique et de faible qualité de type figurines de père Noël en plastique, boules de Noël ou autres bricoles inutiles. Comme le souligne Julie Sauvêtre, "au-delà de l'aspect gaspillage d'argent, ce sont des accessoires qui ont été produits en énorme quantité et qui demandent beaucoup de ressources non-renouvelables. Donc moins on en achète, moins il y aura de demande et moins cela sera produit."
- On zappe les accessoires très colorés, souvent blindés de produits chimiques et dangereux pour la santé.
- On proscrit les paillettes, ces micro-particules de plastique sournoises qui finissent soit par polluer les océans, soit ingérées.
- On adopte le blanc de Meudon pour décorer ses vitres et sa maison. "Il suffit de le mélanger avec de l'eau. Le rendu est poudreux, cela ne contient aucun composant chimique, cela s'enlève à l'eau et cela peut être fait par les enfants sans aucune crainte. De plus, on le trouve surtout dans des emballages en carton, donc ça évite les aérosols néfastes pour l'environnement."
- On utilise des tissus de récupération pour faire ses chemins de table et ses décorations dans son intérieur.
- On file dans la forêt ramasser des branchages, des pommes de pin, du houx... On les fait sécher ou on les utilise en couronnes et en ravissants tours de table. Utiliser des matières naturelles pour la déco permet d'éviter le plastique jetable. Et c'est nettement plus joli.
- Pour le sapin de Noël, il existe là de nombreuses d'alternatives et de tutos DIY pour confectionner un arbre de fêtes original sans avoir à en acheter un coupé. On peut par exemple en fabriquer en bois de palette ou avec des cartons récupérés.
- Pour les calendriers de l'avent, pourquoi ne pas le coudre avec de petites pochettes en tissu ? "On peut aussi récupérer des rouleaux de papier toilette. Vous récupérez 24 rouleaux et avec une technique de pliage, cela va former des petites boîtes dans lesquelles vous pouvez glisser le petit cadeau, le bonbon, l'image... On les décore et on les suspend.C'est moyennement glamour, mais c'est zéro déchet et zéro dépense", suggère Julie Sauvêtre de Zero Waste.
Pour éviter les montagnes de papier cadeaux qui n'auront servi que quelques secondes et qui pour la plupart ne sont pas recyclables (car conçus avec une fine couche de plastique), on adopte de nouveaux réflexes plus écolos mais non moins jolis pour emballer nos surprises.
- On se tourne vers les boîtes en matière durable, soit en bois ou en carton épais qui serviront de "deuxième cadeau" à la personne à qui on l'offre car elle pourra la réutiliser. Tout au long de l'année, on pense à mettre de côté de jolies boîtes que l'on customisera soi-même.
- On teste la très poétique technique d'emballage japonaise du furoshiki. "Cette méthode permet de faire plaisir doublement car on offre un joli tissu, mais elle permet également d'entamer une discussion de façon positive sur l'impact du papier-cadeau et la consommation responsable", s'enthousiasme Julie Sauvêtre.
- L'utilisation du papier-journal n'est pas à négliger si l'on manque de temps ou si l'on n'a pas anticipé le tissu ou les boîtes. "C'est un peu mieux que le kraft car le journal, on l'a acheté de toutes façons. Donc nous allons lui donner une seconde vie et on optimise les ressources utilisées pour le fabriquer. Dans tous les cas, il vaut mieux privilégier la réutilisation à l'achat neuf."
- Une autre idée maline : recycler de vieilles cartes routières en papier-cadeau. Original et écolo.
C'est l'une des questions épineuses des fêtes : comment ne pas céder à la surconsommation dans une période où la pression du cadeau est plus puissante que jamais ? Offrir du temps de qualité, une expérience, un cadeau dématérialisé peut être une bonne solution et procurer une grande joie aux destinataires (on parie que votre soeur chérira le souvenir de ce concert de Paul McCartney très longtemps ?).
- Parmi les bonnes idées de cadeaux dématérialisés, on peut offrir une visite guidée, un bon resto, une représentation de théâtre ou un concert.
- Et pourquoi ne pas opter pour un an un abonnement à la bibliothèque, un abonnement à un système de location de vêtements ? "Il faut sortir de l'économie de la possession pour rentrer dans l'économie de la fonctionnalité. Demandons-nous : 'Cette personne aurait besoin de quoi ?'", conseille Julie Sauvêtre.
- Pour les cadeaux d'enfants, on adopte le réflexe de la seconde main, à la fois écolo et économique. "Il existe de plus en plus de ressourceries, parfois même spécialisées dans les jouets. On peut y trouver des choses quasiment neuves ou réparées et remises en état. La clé, c'est d'anticiper. Et être souple sur ce que l'on veut."
- On peut également confectionner des cadeaux soi-même : un cadeau home made, dans lequel on aura investi du temps et de l'intention, fera toujours mouche. Mais Julie Sauvêtre lance un avertissement : "Le DIY s'est beaucoup développé ces dernières années. C'est une bonne chose pour le zéro déchet car cela a permis au consommateur de repenser à leur consommation comme les cosmétiques ou les produits d'entretien. Mais on a aussi pu voir un transfert de la surconsommation conventionnelle vers de la surconsommation dans des accessoires et ingrédients du DIY. Ne vous laissez pas piéger par les appels marketing de certaines marques !"
Les repas sont un autre gros point noir des fêtes car ils sont souvent synonymes de surenchère et d'importantes sources de gaspillage. On veut faire plaisir, on veut bien manger. Et de fait, on en fait souvent "trop" et des quantités phénoménales de nourriture finissent à la poubelle. Cette année, on reste raisonnable ?
- Le bon réflexe est d'anticiper le menu et demander à nos convives s'il plaît à tout le monde afin qu'un plat ne soit pas boudé par la moitié de la table. On sait à l'avance le nombre précis d'invités qui prendront entrée plat dessert, vin, champagne... On peut également proposer une option végétarienne pour ne pas imposer la viande.
- On achète les ingrédients en vrac comme le beurre, le fromage, les fruits et légumes, la viande afin de limiter le gaspillage des emballages.
- On teste des recettes "complémentaires". "Par exemple, vous pouvez faire une mousse au chocolat avec le blanc d'oeuf et utiliser le jaune pour une mayonnaise. Vous pouvez également vous servir de l'eau de cuisson des pois chiches pour un dessert et faire du humous à l'apéritif."
- La bonne idée : demander à tous les invités d'apporter leur petite boîte pour qu'ils ramènent une portion s'il en reste.