Dans la famille des trolls réactionnaires et ignorants, je demande le sénateur Pete Nielsen. Jeudi 25 février, ce législateur républicain au look gentiment ringard a suscité l'indignation des militants des droits des femmes en affirmant lors d'une séance à la Chambre des représentants de l'Idaho que les femmes qui avaient subi un viol ou étaient fort heureusement préservées d'une éventuelle grossesse car le "traumatisme" causé par "l'incident" les empêchait de tomber enceinte.
Pete Nielsen a proféré cette leçon de biologie douteuse alors qu'était examiné un projet de loi restreignant fortement le droit à l'avortement dans l'Idaho, un État du nord-ouest majoritairement républicain. Adoptée par 13 voix contre 4, cette loi oblige désormais les femmes souhaitant avorter à se soumettre à une échographie et à écouter le coeur du foetus avec un moniteur cardiaque afin de les décourager et de les faire opter pour le "choix de la vie". Cela vaut aussi pour les victimes de viol et d'inceste.
Une mesure qu'approuve Pete Nielsen même si, a-t-il déclaré, "dans de nombreux cas de viols, aucune grossesse ne survient à cause du traumatisme de l'incident". Et d'ajouter : "Cela est peut-être un peu plus vrai avec l'inceste."
Selon le Spokesman-Review, Nielsen a une fois de plus confirmé ses propos une fois l'audition terminée. Et lorsqu'un journaliste a voulu savoir quel était le fondement scientifique de sa théorie, le législateur a répondu : "C'est quelque chose que j'ai pu constater au fil des ans. Que ce soit tout à fait exact ou pas, je ne sais pas. J'ai lu beaucoup d'informations à ce sujet, je les ai lues plusieurs fois... Vous savez, je suis le père de cinq filles, je connais bien la question."
Or, Pete Nielsen a beau affirmer qu'il "connaît bien la question", il ne pourrait pas se tromper davantage puisque l'ensemble du corps médical s'accorde à dire qu'une victime de viol est tout aussi susceptible de tomber une femme ayant eu un rapport sexuel consenti. En 2003, une étude scientifique publiée dans la revue Nature Humaine et citée par le Spokesman-Review a même constaté que le taux de grossesse à la suite d'un viol dépassait dans "une marge importante" celui faisant suite à des rapports sexuels consensuels.
Pour Hannah Brass Greer, en charge du Planned Parenthood du nord-ouest des États-Unis et d'Hawaï, ce genre de déclaration sans fondement scientifique constitue une vive menace pour le droit des femmes à disposer de leur corps. "Ce projet de loi est une tentative manifestement évidente des politiciens pour mettre tous les obstacles possibles entre une femme et son droit constitutionnel à l'avortement sûr et légal. Une bien meilleure utilisation du temps de parole du Républicain Nielsen et ses collègues se concentrerait sur des idées de bon sens pour élargir l'accès au contrôle des naissances et réduire les grossesses non désirées", a-t-elle déclaré au Huffington Post.