Quand pourra-t-on voir autant de femmes que d'hommes se tourner vers la carrière d'ingénieur ? Le site Digischool, leader de l'éducation numérique, s'est posé la question et a réalisé un dossier spécial sur les femmes ingénieures, ainsi qu'une infographie bien pensée . Intitulée « Les femmes ingénieures en chiffres », elle met en lumière la féminisation toute relative des filières scientifiques et techniques dans le secondaire, mais aussi le faible de taux de femmes qui poursuivent leurs études supérieures en école d'ingénieurs. L'infographie s'intéresse aussi à leur insertion professionnelle et leur niveau de revenu par rapport à leurs homologues masculins.
Reprenant notamment les chiffres de l'enquête MutationnElles 2014, qui soulignait en septembre dernier le regain d'intérêt des filles pour les formations scientifiques et techniques, l'infographie montre que les étudiantes sont de plus en plus intéressées par des filières autrefois majoritairement masculines : aujourd'hui, 45% des filles passent un bac scientifique ou technique, et leur proportion dans les spécialités maths des terminales S est de 37%.
Pourtant, dès le supérieur, le nombre de filles poursuivant des études scientifiques décroît : seules 28% des filles sont en écoles d'ingénieurs et 30% sont inscrites en classes préparatoires scientifiques. À titre de comparaison, 74% des filles sont en classes préparatoires littéraires. Un déséquilibre pointé du doigt par Najat Vallaud-Belkacem lors du lancement de la campagne #lesfillesaussi. « À ce rythme, il faudra attendre 2080 pour atteindre la parité entre chercheurs et chercheuses au CNRS et sciences dures, et 2075 pour les écoles d'ingénieures », avait ainsi déploré la ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Et en entreprise ? Là encore, on est loin d'atteindre la stricte parité entre hommes et femmes, puisque ces dernières ne représentent que 21% des ingénieurs en poste. Leur taux d'insertion sur le marché du travail reste d'ailleurs bien en deçà (- 4%) que celui de leurs homologues masculins.
Les femmes ingénieures sont aussi en moyenne moins bien rémunérées que les hommes lors de leur embauche : à diplôme égal, ces derniers gagnent 36 229 euros bruts annuels tandis que les femmes ne gagnent « que » 33 304 euros bruts annuels. Cette disparité de revenus perdure même lorsque leur carrière est bien établie. Elle a même tendance à s'accentuer : alors que le salaire annuel moyen des ingénieurs hommes en 2014 est de 72 835 euros, celui des femmes est fixé à 55 947 euros, soit une différence de 30,2%.
Comment expliquer une si grande différence de salaire entre femmes et hommes et ingénieurs ? L'étude MutationnElles, mais aussi l'enquête réalisée en 2012 par l'association française des femmes ingénieures montre que les femmes ont tendance à se spécialiser dans des branches de l'ingénierie où les différences de salaires sont les plus importantes et où il y a moins d'emplois à pourvoir.