Il ne vous a probablement pas échappé puisqu'il a fait le tour des réseaux sociaux : il existe un nouveau filtre Snapchat qui transforme les visages de femmes en "hommes" et d'hommes en "femmes. Si on pensait que plus personne n'utilisait l'application au fantôme jaune, force est de constater qu'il en suffisait de peu pour que son intérêt reprenne du poil de la bête.
Avant d'en venir au coeur du sujet, on l'avoue, ça nous a plutôt fait marrer de voir notre meilleure pote avec une mâchoire carrée et de la barbe de trois jours. On s'est même mise à essayer le nouvel outil de l'application sur notre propre faciès. Nous aussi on a souri, nous aussi on a partagé le cliché modifié à nos ami.es.
Sauf que rapidement, on s'est rendu compte que le filtre posait de sérieux problèmes. Rien qu'à voir ce qui qualifie un "homme" et une "femme" selon Snapchat, il y a de quoi s'arracher les cheveux.
Car si on en croit l'appli jaune, une personne du sexe masculin se définit uniquement par des poils au menton, des joues en angle droit, des gros sourcils et des cheveux courts. Et pour les femmes, même combat : il faudrait avoir de longs cheveux épais, des yeux un peu globuleux blindés de mascara, des lèvres pulpeuses, un menton quasi inexistant si ce n'est en forme de coeur façon princesses Disney après un lifting draconien, et surtout, une peau très pâle.
L'idéal d'on ne sait qui, mais certainement pas quelqu'un qui apprécie (voire remarque) la pluralité de visages qu'il ou elle a sous les yeux au quotidien.
Avec ce filtre, non seulement Snapchat refuse de reconnaître celles et ceux qui ne correspondent pas à ces stéréotypes (une bonne partie de la population), mais le réseau social ne partage pas non plus les idées plus larges et nécessaires de ce qui définit un homme et une femme. "C'est quelque peu ironique qu'une application qui vous encourage à jouer avec le genre ait une telle vision binaire de celui-ci", écrit Marwa Ahdawi pour The Guardian.
Ironique, et aussi insultant envers la communauté trans, dont la transition est quelque chose de profondément émotionnel et personnel, et ne devrait pas être réduite à un jeu virtuel, ni a un bouton tactile qui rajoute des poils sur nos visages après un selfie.
Dans le magazine Out, Rose Dommu déplore la viralité de l'application, expliquant que bien qu'ils s'amusent à "transitionner" virtuellement, les internautes ne "comprennent pas la douleur et l'endurance nécessaires pour que les trans se rapprochent de leur présentation idéale - donc non, je ne veux certainement pas regarder mon téléphone pour voir quelle serait la version la plus parfaitement féminine de moi selon un développeur d'applications."