Si à l'entendre, le terme "inertie du sommeil" ne nous dit rien, ce qu'il décrit a de bonnes chances de résonner avec nos matinées. Une sorte d'épais brouillard qui empêche d'y voir clair les premières minutes, voire une heure, après que l'alarme ait sonné. Un voile qui semble s'être posé sur notre regard, notre cerveau jusqu'à ce qu'on émerge, grâce, bien souvent, à un café ultra-fort.
Comme s'il était, l'espace de quelque temps, impossible de se secouer pour se réveiller pleinement. Ou qu'on nous avait tiré·e·s d'un profond sommeil en plein milieu de la nuit. On regarde notre téléphone dans l'espoir que l'heure nous éclaire sur cette obscurité mentale : 7h30. On s'est couché à 23 heures la veille, soit aucune raison à ce que chaque jour, on ait l'impression d'avoir à peine dormi.
D'après le très sérieux Centers for Disease Control and Prevention (ou CDC, la Haute autorité de la Santé américaine), ce phénomène n'est autre que la manifestation physiologique de l'envie de ne pas se réveiller. On veut tellement rester sous la couette qu'on finit par somatiser, en gros. Et ça peut aller jusqu'à compromettre notre fonctionnement et notre humeur, et pousser les personnes concernées à avoir un temps de réaction plus lent, une moins bonne mémoire à court terme et une vitesse moindre lorsqu'il s'agit de penser, de raisonner, de se souvenir et d'apprendre. Critique.
Dr Michael Breus, psychologue clinicien et médecin du sommeil, définit quant à lui l'expression par la "sensation écrasante de somnolence qui rend presque impossible le fait de sortir du lit", explique-t-il au magazine Bustle. "Cela semble se produire pour plusieurs raisons, mais le thème principal ici est que la personne qui en fait l'expérience se réveille généralement au milieu d'un cycle de sommeil."
Familier ? On imagine. Heureusement, il existe plusieurs moyens de rendre le lever plus agréable, sans pour autant s'imposer des exercices trop contraignants. Des petits rituels ou réflexes à mettre en place qui rendront nos matins moins pénibles. Et forcément, affecteront positivement nos journées par la suite.
On aurait tendance à se dire que la solution réside dans l'allongement du temps passé à dormir : pas du tout. C'est justement parce qu'on se réveille trop tard - soit en plein milieu d'un cycle - qu'on subit l'inertie du sommeil. Et céder à l'appel de nos oreillers ne ferait qu'empirer les choses.
Afin de se recaler, avise le psy, il suffit de régler son alarme 15 minutes plus tôt que la veille chaque jour, jusqu'à ce qu'on se sente aussi fraîche que la rosée du matin en ouvrant les yeux. Et si la journée est trop dure, on s'octroie une sieste de 10 à 20 minutes pas plus.
Chaque soir, on tire nos rideaux occultants pour s'assurer de ne pas être dérangé·e par la lumière des toilettes du voisin, qui s'y rend systématiquement à 4 heures du mat'. Résultat : au moment d'émerger pour se préparer, c'est encore le noir complet. Et ce cadre n'aide pas notre cas. Car en se privant de l'arrivée du soleil à l'aurore, on dit adieu à un réveil naturel, progressif et sain.
A la place, on choisit donc de laisser les volets ou les stores grand ouverts. L'objectif est de s'exposer à une lumière vive, puisque celle-ci "signale directement, via la rétine, à votre horloge biologique qu'il est temps d'être éveillé", explique en ce sens Michael Awad, chirurgien du sommeil, au magazine Well and Good. Les rayons indiquent à notre cerveau qu'il doit cesser de produire de la mélatonine, rendant le lever plus instinctif. Et ce, de façon plus efficace qu'un éclairage artificiel.
Qu'il s'agisse d'en asperger son visage ou d'en boire un grand verre, l'eau froide a des vertus revigorantes qui ne sont plus à prouver. "Un grand verre d'eau peut réhydrater et faire revivre vos organes internes, vous aidant ainsi à vous débarrasser rapidement du brouillard dans lequel vous vous trouvez", avance ainsi Wayne Anthony, expert en hydratation.
Du côté du CDC encore, on plaide en la faveur du jet glacé sur minois groggy, étude à l'appui. Après avoir observé 10 jeunes adultes en bonne santé essayer différentes stratégies pour se débarrasser de l'inertie du sommeil lorsqu'iels se réveillaient après une sieste, les scientifiques ont constaté que se passer la tête à l'eau froide "supprimait la somnolence subjective". Autrement dit, les participant·e·s se sentaient plus alertes après s'être lavé·e·s le visage. On prend.
Il y a une bonne raison pour laquelle notre premier réflexe nous amène quasi invariablement à la machine à café, tel·le un·e zombie en quête d'élixir de vitalité. Expert·e·s et études s'accordent en grande majorité à dire que les boissons caféinées incarnent la meilleure stratégie pour s'extirper de cette abime matinale. A en croire la BBC, la substance agit en bloquant l'action de l'adénosine - une molécule qui indique à notre cerveau de se sentir fatigué·e. Notre capital sommeil demeure le même, mais nos sensations sont différentes.
Peu adepte du breuvage chaud ? Apparemment, son odeur suffit à dissiper quelques effets nébuleux indésirables, oeuvrant à la manière d'un placebo. Et sinon, reste le thé.
Une marche au sortir du lit, un yoga à base d'étirements en profondeur, une dizaine de minutes de méditation pour retrouver ses esprits en douceur, voire même du sexe solo ou à plusieurs ? Tous les exercices qui prônent bienveillance envers son corps et délicatesse des mouvements sont à envisager, assure Well and Good. Et en musique c'est encore mieux.
Alors, à demain ?