Taylor, en croisade contre le sexisme ?
On la sait déjà aussi vulnérable que badass depuis le documentaire Miss Americana, mais la popstar n'a pas dit son dernier mot. La réédition de son meilleur album, "1989" (aucun débat n'est malheureusement possible) est l'occasion de se plonger dans une chanson salvatrice : "Slut!" (avec un point d'exclamation au bout). Malgré son air planant et très "cloud" c'est l'un de ses sons les plus énervés, et les plus féministes. Pourquoi ?
C'est simple : comme l'intitulé l'indique, la chanson, très personnelle, est un tacle cinglant et stylé (Taylor quoi) contre le phénomène du slut shaming. Autrement dit, la manière dont l'on (= souvent des mecs) juge une femme et sa sexualité selon ses tenues, ses propos, son attitude, ses choix. Et surtout, selon des préjugés bien sexistes allant de pair avec la culture du viol la plus primaire et les fantasmes les plus misogynes. Vaste programme.
Et Taylor le dézingue au micro ! On écoute.
Dans "Slut!", Taylor Swift évoque l'une de ses relations amoureuses passées (peut être Harry Styles) et aborde frontalement son amour débordant - elle se dit "ivre d'amour". Trop débordant, aux yeux des médias et le public people notamment, puisque la chanteuse associe leur intérêt pour ses "date" à cette hypothèse : "S'ils me traitent de salope...". ("And if they call me a slut").
Phrase crue qui sera répétée dans le refrain !
Il faut savoir que les "petits amis" de Taylor Swift, sa propension à les "collectionner", titraient alors les médias people, ont très longtemps fait office d'obsessions pour le grand public, les internautes, les tabloïds. Sa vie amoureuse était devenu un feuilleton, source à fantasmes, déformations, hypothèses... Insultes. Quand un homme aligne les conquêtes, c'est un Don Juan. Une femme n'a guère ce prestige hélas.
On le remarque en ce moment avec Emily Ratajkowski alias EmRata... Et Taylor le suggère avec maestria via cette superbe ligne : "In a world of boys, he's a gentleman...". Dans un monde d'hommes, c'est un gentleman.
Pour Elle Magazine, il faut carrément tresser le lien entre "Slut!" et l'un des plus grands sons de Taylor, "Blank Space", tous deux "commentant intelligemment la représentation médiatique de Taylor Swift en tant que mangeuse d'hommes" accro au serial-dating. Et le magazine de raviver ces mots de Taylor :
"A cette époque j'étais devenue la cible de slut shaming – dont l'intensité et l'acharnement seraient critiqués et dénoncés si cela se produisait aujourd'hui. Les blagues sur mon nombre de petits amis, l'idée que je collectionne les hommes, que je pourrais avoir n'importe lequel, la médiatisation de ce récit... J'ai dû arrêter de tout lire parce que ça commençait à vraiment faire mal".
"Si on me voyait avec tel mec, on supposait que je couchais avec lui, alors j'ai juré de ne plus sortir avec des hommes !... Le dating, les flirts, les rencontres, tout cela pouvait être utilisé contre moi par une culture qui prétendait croire à la libération des femmes mais qui me traitait systématiquement avec les codes moraux de l'ère victorienne !"
Une punchline qui résume tout. Et un classique à sur-streamer !
En gardant à l'esprit ces mots de Taylor Swift, en 2019 :
"Quand j'étais adolescente, j'entendais les gens parler du sexisme dans l'industrie de la musique, et je me disais : 'Je ne le vois pas. Je ne comprends pas'. Les hommes de l'industrie me voyaient comme une enfant. A la seconde où je suis devenue une femme, j'ai commencé à le remarquer. Dès que j'ai commencé à jouer dans les stades - quand j'ai commencé à ressembler à une femme - ce n'était plus aussi cool..."