Depuis l'affaire « Seduction by Kamal », dans laquelle le coach Kamal dispensait ses conseils pour pratiquer le « hard sex » et - au passage - faisait l'apologie du viol, on savait que les « coachs en séduction » n'étaient pas les garçons les plus intelligents du monde. Julien Blanc, un « pick up artist » (artiste de la drague) suisse nous le prouve une nouvelle fois.
Ultra-misogyne et raciste, ce charmant jeune homme, qui travaille pour la société américaine Real Social Dynamics (RSD), le « leader en conseil de séduction depuis 2002 », s'est attiré la colère des internautes du monde entier en diffusant sur YouTube un extrait de sa conférence. Intitulée « Comment un blanc baise les asiatiques à Tokyo (et toutes les astuces pour y arriver) », Julien Blanc y détaille, devant un parterre d'hommes blancs morts de rire, ses méthodes de « drague » et incite, mine de rien, à agresser sexuellement les Japonaises en se servant des différences culturelles entre l'Occident et l'Asie.
« Si vous restez poli avec les Japonaises, elles vont s'enfuir. Mais si vous les forcez, elles ne bougeront pas. Vous pouvez même baisser leur tête jusqu'à votre b*** », explique-t-il sérieusement dans la vidéo. « Au Japon, si vous êtes un homme blanc, vous êtes le roi du monde. Vous pouvez faire ce que vous voulez. Dans la rue, il suffit d'attraper les filles par la nuque et de mettre leur tête entre vos jambes, elles n'osent pas se défendre. Et pour détendre l'atmosphère ou qu'elles aient moins peur, criez juste un truc mignon comme Pikachu, Tamagotchi ou encore Pokemon », poursuit-il, avant de se moquer de l'accent japonais.
Le malaise grandit encore lorsque l'on voit Julien Blanc mettre en pratique ses « techniques de séduction » en boîte de nuit puis dans la rue. L'approche, honteuse, est toujours la même : le coach s'approche, passe sa main derrière la nuque de la jeune femme qu'il tente d'aborder, et la force ensuite à mettre son visage près de son entrejambe. Pire encore : la vidéo se termine sur une séquence où il force une caissière de supermarché, visiblement gênée et pas du tout consentante, à se faire goulûment embrasser le cou ou l'oreille.
Repérée par des militantes féministes, la vidéo de Julien Blanc a rapidement suscité la colère des internautes, au point que Real Social Dynamics a choisi de la rendre privée sur YouTube. Traduite et republiée quelques jours plus tard par une féministe japonaise, la vidéo a alors largement été relayée sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, les internautes indignés utilisent depuis le début de la semaine le hashtag #TakeDownJulienBlanc pour inviter leurs followers à signaler les comptes de Julien Blanc sur les réseaux sociaux afin que ces derniers soient supprimés.
Rappel : signalez le PUA raciste, misogyne, agresseur sexuel @RSDJulien et sa chaîne svp : https://t.co/JTlTykkB3c #takedownjulienblanc
— Mar_Lard (@Mar_Lard) 2 Novembre 2014
Parenthèse dans la veille: merci de signaler @RSDJulien qui donne des cours sur comment agresser/violer des femmes #takedownjulienblanc
— Claire Gervais (@Le_bug_urbain) 2 Novembre 2014
Donc y'a un type @RSDJulien, qui enseigne l'art et la manière de manipuler, harceler, violer. Merci de signaler. #takedownjulienblanc
— Rozah (@RozahParks) 2 Novembre 2014
Pour avoir une parfaite définition de "crevure", cliquez sur le hashtag #takedownjulienblanc
— Fabien Randanne (@fabrandanne) 2 Novembre 2014
En France, le site MadmoiZelle a été le premier à se mobiliser contre les méthodes de harcèlement sexuel prônées par le « pick-up artist », avant que d'autres médias, comme L'Express ou Madame Figaro ne relaient l'information.
Si aujourd'hui, les comptes de Julien Blanc sur Twitter ou Facebook sont toujours actifs, la mobilisation des internautes a fini par payer. Le site perso du coach, équivoquement appelé Pimp (maquereau, en français), a été désactivé. Une pétition a aussi été lancée sur Change.org par la féministe américaine Jennifer Li pour demander aux hôtels de ne pas accueillir les conférences données par Julien Blanc ou tout autre événement de Real Social Dynamics. Face à l'ampleur prise par la pétition, qui a recueilli plus de 22 000 signatures en quelques jours, l'hôtel Como de Melbourne, en Australie, et l'hôtel Hilton d'Austin, au Texas, ont finalement renoncé à accueillir les conférences du coach.
Si aujourd'hui, l'avenir de Julien Blanc en tant qu'expert en séduction semble largement compromis, le succès de ses conférences où une tripotée d'hommes blancs l'applaudit lorsqu'il raconte une agression sexuelle prouve l'envergure prise par la culture du viol dans notre société. Dans une tribune publiée sur le Guardian, l'écrivaine Somayya Ismailjee s'insurge : « Les femmes asiatiques, toujours hypersexualisées par la culture occidentale, ont longtemps été les cibles d'une industrie prédatrice, en plein essor du tourisme sexuel. Les hommes occidentaux blancs se déplacent vers les pays asiatiques pour exploiter sexuellement les femmes sur qui ils projettent leurs fantasmes fétichistes et racistes. Ce faisant, ils contribuent activement à ce que les hommes exploitent leur statut de mâle blanc pour agresser des femmes, déclarant que "si vous êtes un homme de race blanche, vous pouvez faire ce que vous voulez".
Cet homme (Julien Blanc, ndlr) peut faire en toute impunité la promotion de la violence sexuelle dans la mesure où notre société accepte la culture du viol et les comportements abusifs à l'égard des femmes. »
>> Free Sex de Rémi Gaillard : une apologie de la culture du viol ? <<