Un vent de ferveur sacrée a soufflé lundi sur le grand amphithéâtre du musée du quai Branly, à Paris. C’est là qu’une cérémonie, réunissant le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, plusieurs responsables de musées français et une délégation néo-zélandaise, a officialisé la restitution par la France à la Nouvelle-Zélande de vingt têtes momifiées d’ancêtres maoris.
C’est au 19e siècle qu’explorateurs et marins occidentaux ont ramené des têtes maories de leurs expéditions en Nouvelle-Zélande. Fascinés par ces visages impeccablement conservés en raison d’un art consommé de la momification, et ornés d’impressionnants tatouages, ils mirent en place un véritable commerce avec cette société océanienne, qui voyait là l’occasion d’obtenir des objets européens, dont des armes à feu. On raconte qu’en 1796, le Britannique James Cook, premier occidental à débarquer chez les Maoris, échangea l’un de ces crânes séchés contre un vieux caleçon. Interdit en 1831 par le gouvernement britannique, ce sinistre négoce se poursuivit illégalement, alimentant bon nombre de musées européens.
« Vous êtes le souffle de la vie, vous, nos ancêtres ! Vous avez été en France depuis si longtemps, et aujourd’hui, nous allons pouvoir vous ramener chez vous, en Aotearoa ». C’est avec dévotion que Derek Lardelli, « aîné maori », a conduit la cérémonie de remise des « toï moko », portée par des chants sacrés, le son grave d’une trompe en coquillage, et le cortège de femmes assises autour d’un lit mortuaire couvert de fougères. Des petits sachets renfermant des cadeaux ont été déposés aux pieds des autorités françaises. Les têtes maories « ne sont plus désormais des objets de collection mais seront entreposées dans un lieu sacralisé », s’est réjoui le ministre de la Culture, saluant la loi de mai 2010 ayant permis cette restitution.
Le retour des « toï moko » au musée Te Papa (« notre lieu », en maori) de Wellington est prévu le 26 janvier. Il sera célébré en présence du roi Tuheitia Paki. C’est là que des experts mobiliseront archives historiques et tradition orale pour décrypter les tatouages de ces ancêtres et retrouver leur communauté d’origine. Le test ADN est pour l’instant proscrit sur ces crânes sacrés. 200 « toï moko » ont été restitués par 14 pays mais on estime que plus de 500 autres attendent encore leur retour dans « le pays du long nuage blanc ».
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : TF1.fr / image modélisée de la tête maori rendue par la ville de Rouen en mai 2011.
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