30 %. Ce chiffre, c'est la hausse des cas de violences conjugales observée en France lors du premier confinement. Un taux qui file le vertige, et qui en appelle à davantage de prévention et d'actions pour protéger les futures victimes de violences lors du second confinement actuel. Oui, pandémie et confinements ne font que renforcer les phénomènes d'abus (physiques, psychologiques, sexuels) faits aux femmes.
Mais avant même l'apparition du Covid-19, "les violences conjugales comptaient déjà parmi les plus grandes violations des droits humains", nous rappelle à juste titre Phumzile Mlambo-Ngcuka, la directrice exécutive de l'agence de l'Organisation des Nations Unies ONU Femmes. Une réalité appuyée par les derniers chiffres officiels qui viennent de tomber : selon un rapport du service statistiques du ministère de l'Intérieur rapporté par France Bleu, 142 310 signalements de violences conjugales auraient été enregistrées par les services de police et de gendarmerie en France en 2019.
Parmi les nombreuses plaintes déposées, 3 % concernent des signalements pour viol ou agression sexuelle. Enfin, le taux de signalement global est en hausse de 16% par rapport à l'année 2018. Par ailleurs, 146 femmes auraient été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2019. 98% des plaintes pour viol et agression sexuelle ont été déposées par des femmes, soit 4 320 plaintes sur 4 400.
Un sinistre bilan qui risque bien de s'accroître en cette année 2020.
Cette hausse a été particulièrement observée dans les départements du Doubs (où les violences intrafamiliales sont en hausse de 20,3% par rapport à l'année précédente, les femmes représentent 75% des victimes), des Côtes-d'Armor et de la Seine-Saint-Denis - où les mesures urgentes d'aide aux victimes et d'éloignement des agresseurs sont fortement (re)pensées depuis le premier confinement. Mais si cette augmentation des signalements inquiète, elle est paradoxalement signe d'espoir pour certaines voix gouvernementales.
Ainsi, on pourrait y percevoir la preuve de l'efficacité du Grenelle des violences conjugales initié par l'ancienne ministre à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa en septembre 2020. Si celle-ci affirme à ce titre que "le gouvernement [est] pleinement engagé pour protéger les femmes face aux violences conjugales et à toutes formes de violences", le bilan du Grenelle, vaste dispositif de prévention mais aussi de sensibilisation, laisse cependant circonspectes les associations féministes.
En parallèle, une étude du ministère de l'Intérieur indique que 1 746 infractions d'outrages sexistes ont été enregistrées en France depuis 2018 - soit l'année de création de la loi créée par Marlène Schiappa. Entre violences conjugales et "outrages", la route est encore longue pour qui rêve d'égalité des sexes. Surtout en plein reconfinement.
"Les signalements ont été multiplié par 17 pendant le confinement", confiait récemment à France Bleu la députée du Doubs Fiona Lazaar. Une augmentation à craindre de nouveau...
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.