Clichés sexistes, slutshaming, clacisme et maintenant grossophobie, la youtubeuse américaine Nicole Arbour ne savait plus où déverser son fiel pour faire parler d'elle. Voyant que ses "lettres" vidéos à l'acide marchaient bien, elle a balancé "Dear Fat People" (qu'on pourrait traduire sobrement par "Chers gros") avec une méchanceté assez impressionnante. Grâce à celle-ci, et surtout, la riposte des réseaux sociaux qui s'en est suivie, elle a réussi. Du moins, c'est ce qu'elle croit...
Avec ce condensé nauséabond de clichés et d'insultes envers les personnes rondes ou obèses de 6 minutes, elle prouve parfaitement l'utilité du mouvement body positive. Ce dernier, bien plus fort que son armée de followers qui boivent ses paroles (il faut de tout pour faire un monde), a même réussi à faire bannir la vidéo en question de Youtube. Elle est encore visible sur sa page Facebook, et elle reviendra sur le géant de la vidéo en ligne, mais cette polémique est en fait quelque chose de positif.
Alors qu'il était encore possible de douter de la "qualité" de l'humour de la comédienne auto-proclamée, rabachant toujours les mêmes clichés faciles et usés... Sa réaction à la polémique quant à "Dear Fat People" nous prouve qu'il n'en est rien. Nicole Arbour est bel et bien un troll carburant à la haine de l'autre, et non une simple youtubeuse au rire fainéant.
Sachant pertinemment que son "oeuvre" va faire un bad buzz, elle tente même d'aller au devant des critiques en se moquant de la body positivity : "Non, être body positive, ce n'est pas ça, nous n'avons qu'un seul corps, il faut en prendre soin". À grand coup de haine de soi-même ? En voilà une bonne idée qu'elle est bonne... Comme grande prétresse du "healthy", on a vu plus convaincant.
Waouh, je suis la première comédienne de l'histoire de Youtube à être censurée. Il y a des vidéos de meurtres et de torture mais la satire...
Bien essayé, mais comparons ce qui est comparable. Si d'horribles vidéos violentes, explicites, circulent sur le réseau social, elles sont rarement virales et si c'est le cas, leur signalement les fait bien vite disparaître. En revanche, se faire de l'argent sur un discours haineux, c'est tout autre chose. La violence de ce type de propos est peut-être moins évidente, mais elle est bien là, et elle doit être dénoncée, combattue. Car c'est à cause d'elle que 80% des femmes n'aiment pas (ou détestent) leur corps, selon une étude américaine de 2012.
En voulant se placer en victime (on mettrait notre main à couper que si elle était française, elle jouerait la carte "Charlie", de toute sa mauvaise foi), Nicole Arbour sort du placard. Dans sa vidéo elle affirme- sur fond de musique militaire- qu'elle balance des "bombes de vérité" pour faire réagir les gens, telle une activiste "pro-santé" en disant aux "gros" qu'ils se mettent en danger. Mais lorsqu'on pointe du doigt la véhémence de sa grossophobie, elle se réfugie dans l'armure de "l'humoriste" pour se faire plaindre. L'ampleur du "bullshit" est justement trop grosse pour que le discours soit crédible. Échec et mince !
Désolée Nicole Arbour mais non, tu ne trompes plus personne. Si ta méchanceté pouvait encore faire rire une poignée de gens, ton double discours quant à tes prises de position te révèle au grand jour. Tu es un troll grossophobe, à l'image de la société dans laquelle nous avons grandi, aveuglée par la haine et ta gloire sera un feu de paille. Tu sais pourquoi ? Parce que tu es le stéréotype, le porte-parole officiel, de ce contre quoi la communauté body positive se bat.
Tess Holliday, Jes Baker, Megan Tonjes... De nombreuses activistes plus size ont réagi, inondant la toile de leurs bonnes ondes, sans insulter la principale intéressée (ce serait trop facile). Mais bel et bien en réexpliquant que non, nous ne sommes pas obligé(e)s de mener une guerre à notre corps pour correspondre à un standard. Le chemin de la body positivity est une meilleure option, moins violente et qui a le mérite de garantir une santé mentale que le fat-shaming et l'industrie du régime n'apporteront jamais.
La chaîne youtube de Nicole Arbour sera bientôt remise en ligne, c'est une évidence. Mais cette énième polémique aura été le pic de sa carrière de "hateuse", et elle retombera dans l'oubli au fil des semaines. Ce qui restera en revanche, c'est cette image de haine comme point de départ pour toute argumentation de self acceptance afin d'illustrer l'essence même du body shaming, comme l'a si bien démontré la militante Whitney Way Thore. On devrait presque lui dire merci, finalement !