Peu-t-on consentir librement et de manière éclairée à une relation sexuelle avec un.e adulte lorsqu'on est un.e enfant de 11 ans ? La question peut choquer, mais c'est pourtant celle qui est apparue comme le fil rouge procès qui s'est déroulée la semaine dernière à la cour d'assises de Seine-et-Marne, et dont le verdict a indigné les défenseur.e.s des droits des enfants et les associations féministes.
Jugé pour le viol d'une fille de 11 ans en 2009, un homme de 30 ans a été acquitté mardi 7 novembre au terme de deux jours d'audience, et alors que huit ans de réclusion avaient été requis contre lui. Les jurés ont en effet estimé que le viol n'était pas caractérisé car "la contrainte, la menace, la violence et la surprise n'étaient pas établis".
Alors que la ministre de la Justice Nicole Belloubet et la secrétaire d'État à l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa ont annoncé travailler ensemble à définir une limite d'âge au-dessous de laquelle la victime sera considérée comme non-consentante, des anonymes se sont emparés de la question.
Sur Facebook et Twitter, des internautes, majoritairement des femmes, postent des photographies d'elles, assorties à des anecdotes d'enfance. Rassemblées sous le hashtag #Moià11ans, ces initiatives individuelles ont pour but de rappeler qu'à 11 ans, on est encore une enfant. Et qu'à ce titre, on n'est loin d'être suffisamment mature pour connaître la notion de consentement sexuel.
L'idée de ce hashtag ne vient pas de France, mais des États-Unis, où Roy Moore, un magistrat résidant en Alabama et candidat républicain au Sénat est accusé d'agressions sexuelles par sept femmes, dont la plus jeune était âgée de 14 ans en 1979, au moment des faits. Comme en France, des milliers de femmes américaines se sont alors emparé du hashtag #MeAt14 (moi à 14 ans) pour questionner l'âge du consentement sexuel et en finir avec l'impunité des agresseurs.
À l'image de #BalanteTonPorc et #MeToo, #Moià11ans et #MeAt14 signent un tournant. Désormais, les femmes refusent de taire les violences sexistes et sexuelles qu'elles subissent au quotidien. Elles n'hésitent plus non plus à interpeller les politiques sur des questions qui leur semblent primordiales.
Ainsi, la militante féministe Caroline de Haas a lancé une pétition pour demander à Emmanuel Macron un plan d'urgence contre les violences faites aux femmes. Son succès – elle recueille aujourd'hui plus de 126 000 signatures – a poussé le chef de l'État à affirmer qu'il s'exprimerait sur la question le 25 novembre prochain pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Sur la question du consentement sexuel, la Maire-adjointe Petite Enfance des Lilas Madeline Da Silva a également lancé une pétition, cette fois-ci adressée au Premier ministre Édouard Philippe, ainsi qu'aux ministres de la Santé et de la Justice Agnès Buzyn et Nicole Belloubet. Elle demande à ce que soit défini "un seuil d'âge [...] en dessous duquel les mineurs seront présumés ne pas avoir consenti". "Nous proposons l'âge MINIMUM de 15 ANS, en dessous duquel nous considérons qu'un enfant ne peut en aucun cas consentir à une relation sexuelle avec un majeur", explique Madeline Da Silva dans le texte accompagnant la pétition qu'elle a lancé. Elle souhaite aussi "revoir la définition du viol pour y intégrer la notion centrale de non consentement". Sa pétition a pour le moment recueilli plus de 333 000 signatures.