Société
#ShoutYourAbortion : un hashtag pour que les femmes assument sans honte leur avortement
Publié le 25 septembre 2015 à 12:35
Par Charlotte Arce | Journaliste
Lancé vendredi 18 septembre par des féministes américaines, le hasthtag #ShoutYouAbortion encourage les femmes qui ont avorté à partager leur histoire sur les réseaux sociaux.
#ShoutYourAbortion : un hashtag pour que les femmes assument sans honte leur avortement #ShoutYourAbortion : un hashtag pour que les femmes assument sans honte leur avortement© Sipa, Leah Hogsten/AP
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Tout est parti d'une décision du Congrès américain. Vendredi 18 septembre, après des mois de controverse, la chambre des représentants a pris la décision à 241 voix contre 187, de couper pendant un an le budget du Planned Parenthood - l'équivalent du planning familial - le privant ainsi de ses 500 millions de dollars annuels servant notamment à fournir aux femmes conseils et assistance médicale sur la contraception et l'interruption volontaire de grossesse.

En réaction à cette décision politique conservatrice prise contre les droits des femmes, les Américaines Lindy West et Amelia Bonow, ont lancé vendredi 19 septembre sur Twitter le hashtag #ShoutYourAbortion (parle haut et fort de ton avortement). L'objectif ? Inciter les femmes à raconter leur expérience pour défendre leur droit à disposer de leur corps, mais aussi mettre fin à la honte et à la stigmatisation que ressentent celles qui ont recours à l'IVG.


"L'avortement est toujours quelque chose qu'il faudrait murmurer"

Interviewée par Vice , l'écrivaine Amelia Bonow raconte qu'après avoir appris la décision du Congrès, dominé par les républicains, elle a "passé la journée à pleurer. Beaucoup de femmes sont dévastées de voir qu'en 2015, (l'avortement) est encore un problème aux États-Unis."

Elle explique qu'un an plus tôt, elle a avorté dans un planning familial et n'a jamais regretté son choix. Evoluant dans un milieu "libéral, féministe, punk rock et queer", Amelia Bonow s'est toujours sentie soutenue et n'a jamais eu besoin de justifier sa décision. Mais, dit-elle à Vice, "en voyant la propagande de montages" contre le Planned Parenthood, elle a réalisé qu'elle n'avait jamais parlé publiquement de son choix et de sa chance de "ne pas être contrainte à être mère quand on ne veut pas en devenir une".

Elle a donc pris la décision de relater son avortement. "Si je vous dis cela aujourd'hui, c'est parce que la rhétorique de ceux qui luttent pour couper les vivres au planning familial repose sur l'idée que l'avortement est toujours quelque chose qu'il faudrait murmurer, écrit-elle. Beaucoup de gens pensent encore que quelque part, si vous êtes une femme respectable, l'avortement est un choix qui devrait être accompagné de honte, de tristesse ou de regret."

Déculpabiliser les femmes

Relayé par sur Twitter par son amie Lindy West avec le hashtag #ShoutYourAbortion, le récit de l'avortement d'Amelia Bonow a immédiatement trouvé un écho favorable sur Twitter. Des centaines de femmes l'ont repris à leur compte pour partager leur expérience avec l'IVG.

Mon avortement a eu lieu en 2010 et la carrière que j'ai construit depuis me satisfait et me rend bien plus capable de fonder une famille.

Mon avortement a eu lieu en 2007. Je ne voulais pas d'enfants et je n'en veux toujours pas. Je décide de mon propre bien-être.

J'ai avorté quand j'avais 24 ans. Ce n'était pas au planning familial mais je savais que j'étais privilégiée d'avoir le choix.

Mon avortement était l'option la plus compassionnelle pour le bébé et moi.

J'ai avorté deux fois. Je n'ai pas à justifier ou à expliquer mon choix. Ma vie a plus de valeur qu'une vie potentielle.

Dans un entretien accordé au Guardian , Lindy West raconte que le succès de #ShoutYourAbortion a été "immédiat et écrasant". "C'était presque comme si beaucoup de femmes avaient attendu ce moment pour parler. Les gens que je connais depuis des années m'ont raconté des histoires que je n'avais jamais entendues auparavant. De parfaits inconnus ont partagé une galaxie d'expériences personnelles, aussi poignants qu'ordinaires. [...] Il n'y a pas de 'bons' avortements et de 'mauvais' avortements parce que l'avortement est juste une procédure médicale, les soins de santé reproductive sont seulement des soins de santé et c'est un fait que le foetus n'est pas une personne. Je possède mon corps et je décide ce que je permets de grandir en lui."

#ShoutYourAdoption, la réponse des pro-life

Face au succès grandissant de #ShoutYourAbortion, les anti-avortement n'ont pas tardé à répliquer en lançant #ShoutYourAdoption, qui promeut l'adoption à la place de l'interruption volontaire de grossesse.

Ma mère avait plannifié d'avoter mais a finalement décidé que l'adoption était la meilleure solution. Pourquoi célébrer le meurtre ?

Dieu bénisse les femmes courageuses qui ont décidé d'avoir un enfant en dépit de circonstances difficiles. Vous êtes des héroïnes. #ShoutYourAdoption


De son côté, Barack Obama a promis vendredi 18 septembre de bloquer la décision du Congrès en y opposant son veto.

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