Lina Alvarez, médecin en Espagne, a expliqué qu'elle était "dans une forme phénoménale"et qu'elle "ne pourrait pas être plus heureuse" après avoir donné naissance à son 3ème enfant. Rien d'extraordinaire, à première vue. Si ce n'est que si l'histoire de la nouvelle maman figure dans le Telegraph, c'est parce qu'elle a 62 ans. Elle suit de près Daljinder Kaur, une Indienne de 70 ans, qui détient le titre de la mère la plus âgée du monde, qui, à 70 ans, a donné naissance à son premier enfant un peu plus tôt cette année.
Devant l'entrée de l'hôpital de Lugo, Lina Alvarez serre sa fille dans ses bras, des larmes plein les yeux. "Je suis complètement chamboulée, je n'arrête pas de pleurer de bonheur", s'excuse-t-elle auprès du parterre de journalistes. "Je ne pourrais pas être plus heureuse. Je suis très, très reconnaissante à la vie pour ce don si précieux", a-t-elle déclaré.
Lina Alvarez a accouché sans encombre, d'une césarienne après avoir été admise à l'hôpital suite à un problème de pression sanguine. Peu après sa naissance, la petite Lina (qui porte le nom de sa mère) a pu rencontrer ses deux grands frères, Exiquio, 28 ans, handicapé suite à une erreur médicale durant la grossesse, et Samuel, 10 ans.
"Le sourire de mon fils aîné depuis que Lina est arrivé vaut largement les critiques que j'ai pu essuyer pour elle", a-t-elle assuré à The Independent .
Car Lina Alvarez avait dû affronter de violentes attaques lorsqu'elle avait annoncé sa grossesse sur les réseaux sociaux, au 8ème mois. Le tollé général avait été tel que les médias avaient fini par s'emparer de l'affaire afin de suivre cette femme qui décidait de tomber enceinte à l'âge où la plupart des femmes accueillent leurs petits-enfants. La femme de 62 ans a pu avoir un troisième enfant grâce à la PMA (Procréation Médicalement Assistée). Et bien que l'absence de limites d'âge pour bénéficier d'une FIV gêne certains, Mme Alvarez défend avec ardeur sa décision. "Quand elle aura 30 ans, j'en aurai 90. Elle sera adulte et puis, l'espérance de vie des femmes augmente tout le temps. J'ai toujours souhaité être mère à nouveau mais la plupart des médecins me le refusaient. J'ai l'impression d'avoir une seconde chance. Cette grossesse m'a rendu plus jeune et plus forte", a-t-elle confié à The Independent .
"Je suis la preuve que l'on peut avoir un enfant à un âge avancé, en étant en bonne santé et en prenant soin de soi. Il y a beaucoup de mères qui souhaitent avoir un enfant tard mais qui, devant le manque d'informations, font machine arrière. Je les encourage en leur envoyant un message d'espoir pour qu'elle concrétise leur rêve, ce très grand rêve", a encore déclaré la "jeune" maman". "La nature est très sage et c'est elle qui fixe les limites, pas les gynécologues. Ma grossesse était normale ainsi que le développement de mon bébé".
Pourtant, la communauté médicale est loin de partager l'enthousiasme de Lina. Avant l'accouchement, José Antonio Castilla, auparavant à la tête de la Société Espagnole de la Fertilité, avait confié au journal espagnol El Diario son point de vue : "Elle prend un gros risque. La loi qui régule la procréation médicalement assistée est très claire. Le traitement ne doit être effectué qu'à la condition que ni la mère, ni l'enfant, ne puissent être en danger".
En effet, la loi espagnole ne fixe pas de limite d'âge à la PMA, mais les médecins refusent en général la procédure si elle met en danger la vie de la mère ou du bébé : les grossesses tardives peuvent entraîner de très graves complications, comme des naissances prématurées, des fausses couches ou des hémorragies. Ce n'est donc pas une décision à prendre à la légère, et si Lina s'extasie sur "le miracle de la nature" qui lui a permis d'accoucher à 62 ans, son histoire est plutôt l'exemple type de la manière dont la science peut repousser les limites -pour le meilleur comme pour le pire.