Alors que les talibans ont repris le contrôle de l'Afghanistan le week-end dernier (15 août), le sort des femmes est au coeur des préoccupations. Car si les fondamentalistes "version 2021" ont assuré lors d'une conférence de presse lunaire que cette nouvelle gouvernance laisserait "les femmes travailler dans le respect des principes de l'islam", les horreurs commises contre les femmes lors du précédent régime (1996-2001) hantent tous les esprits. Port de la burqa (voile intégral) obligatoire, interdiction de sortir sans être accompagnée d'un tuteur, interdiction d'étudier, interdiction de travailler, mariages forcés, lapidation en cas d'adultère... La liste est longue. Et il y a fort à craindre que les militantes pour les droits des femmes en Afghanistan deviennent à nouveau des cibles.
Ainsi, une pétition a été lancée par l'association "Pourvoir féministe" pour interpeler le président de la République Emmanuel Macron afin que la France "accueille les défenseuses des droits des femmes afghanes".
"Avec la victoire des talibans en Afghanistan, la vie des activistes qui ont tenté d'améliorer les conditions de vie des femmes, des filles et des minorités est particulièrement menacée. Qu'adviendra-t-il des Mary Akrami, des Suraya Pakzad et de toutes celles qui, comme elles, oeuvrent pour les droits des femmes et des filles en Afghanistan ? Devront-elles subir le sort de Sitara Achakzaï et de toutes celles que les talibans ont exécutées car elles avaient eu l'audace d'ouvrir des écoles ou de s'élever contre les viols conjugaux ?", détaille le document en ligne.
"Dans un communiqué en date du 15 août, le ministre des affaires étrangères s'est engagé à assurer la protection des 'personnalités de la société civile afghane, défenseurs des droits, artistes et journalistes particulièrement menacés'. Comment expliquer que le mot "femmes" n'apparaisse pas une seule fois dans ce texte ? Femmes et enfants représentent pourtant d'après l'ONU 80% des personnes fuyant l'avancées des talibans. Ce sont elles que les talibans vont marier de force, elles qu'ils vont priver de scolarité, elles qu'ils vont punir d'avoir voulu y accéder", s'interroge encore la pétition.
Ces "citoyennes de France ou du monde" rappellent à Emmanuel Macron ses engagements en faveur des droits des femmes, présentés comme "grande cause du quinquennat" en 2017 lors de son élection. Et d'"exiger des mesures d'urgence dignes d'un chef d'une diplomatie véritablement féministe."
L'allocution télévisée du président français avait fait réagir ce lundi 16 août. Emmanuel Macron y déclarait : "Nous devons anticiper et nous protéger contre les flux migratoires irréguliers et importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent, et nourriraient les trafics de toute nature", petite phrase qui avait fait bondir les réseaux sociaux et militants associatifs, qui n'avaient pas manqué de rappeler au chef de l'Etat la tradition française d'accueil des exilé·e·s.
La pétition féministe pour secourir les femmes afghanes a d'ores et déjà recueilli un très large succès, rassemblant à ce jour plus de 83 000 signatures, dont celle de l'ancienne ministre l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, ou encore de l'association ONU Femmes France et du collectif #NousToutes. Son prochain objectif : 150 000 signatures.
Ce jeudi 20 août, un troisième avion en provenance de Kaboul et exfiltrant 200 ressortissant·e·s français·e·s et des exilé·e·s Afghan·e·s atterrissait sur le sol français.