"Nous avons des preuves ou des rapports émanant de différentes provinces, avançant que les femmes afghanes ne sont pas autorisées à quitter leur domicile sans 'un chaperon masculin'. Dans certaines provinces, on leur a simplement ordonné de rester à la maison", énonçait en août dernier Mohammad Naciri, directeur de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique. Citoyennes afghanes et organisations alertent depuis des semaines quant à la répression des droits des femmes en Afghanistan.
Aujourd'hui, ces craintes s'exacerbent d'autant plus suite aux dernières déclarations du chef adjoint de la commission culturelle des talibans Ahmadullah Wasiq. Interviewé par la chaîne de télévision australienne SBS, celui-ci aurait effectivement exprimé sans détour sa réticence à l'idée d'autoriser les femmes à faire du sport. En Afghanistan, le régime des talibans va interdire aux femmes les pratiques sportives, jugées contraires à la loi islamique, comme l'énonce Le Parisien. Pratiqué par des femmes, le sport deviendrait donc illégal.
"La pratique du sport n'est ni nécessaire, ni appropriée. Je ne pense pas, par exemple, que les femmes seront autorisées à jouer au cricket car il n'est pas nécessaire que les femmes jouent au cricket. Car au cricket, elles pourraient être confrontées à une situation où leur visage et leur corps ne seront pas couverts", a ainsi déclaré Ahmadullah Wasiq. Des propos qui inquiètent fortement. Contrairement à ce que prétendait le porte-parole Zabihullah Mujahid lors de la prise de contrôle du pays, les talibans n'ont pas tant changé que cela.
"L'Émirat islamique ne veut pas que les femmes soient des victimes. Le gouvernement islamique sera ouvert et inclusif", avait assuré celui-ci en conférence de presse, promettant notamment une égalité professionnelle "dans le respect de la loi islamique". Aujourd'hui, l'entrevue du chef adjoint de la commission culturelle des talibans compromet quelque peu ces promesses d'égalité des sexes. Le sport est l'un des domaines où s'exprime cette répression des libertés.
"L'islam ne permet pas aux femmes d'être vues ainsi [le visage couvert, ndlr]. C'est l'ère des médias, il y aura des photos et des vidéos, et les gens les regarderont. L'islam et l'émirat islamique ne permettent pas aux femmes de jouer au cricket ou de pratiquer ce genre de sport où elles sont exposées", détaille Ahmadullah Wasiq.
Des mots qui se passent de commentaire, à l'heure où de nombreuses sportives afghanes sensibilisent l'opinion publique quant aux dangers qu'elles encourent.
"S'il vous plaît, tendez-moi la main et aidez-moi. Je suis actuellement emprisonnée à l'intérieur de la maison. Je ne peux même pas sortir en toute confiance, en toute sécurité pour aller m'acheter quelque chose, pour m'entraîner, pour vérifier comment vont les autres ou que je ne suis pas exclue de la compétition", implorait par exemple en août dernier la championne afghane Zakia Khudadadi avant son exfiltration de Kaboul. L'athlète paralympique a pu finalement participer aux Jeux paralympiques. Mais combien d'autres sportives afghanes se voient encore menacées aujourd'hui ?