"Nous avons des preuves ou des rapports émanant de différentes provinces, avançant que les femmes afghanes ne sont pas autorisées à quitter leur domicile sans 'un chaperon masculin'. Dans certaines provinces, on leur a simplement ordonné de rester à la maison". Ces lignes édifiantes en disent long sur la situation que vivent aujourd'hui les filles et femmes dans un Afghanistan contrôlé par les talibans. Elles proviennent de la bouche de Mohammad Naciri, directeur régional de l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes pour les régions Arabie et Asie Pacifique.
Selon l'organisation, malgré ce que pouvait suggérer la première conférence de presse de Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans, les libertés des femmes seraient déjà largement bafouées à l'heure actuelle. "L'Émirat islamique ne veut pas que les femmes soient des victimes. Le gouvernement islamique sera ouvert et inclusif", avait alors affirmé Zabihullah Mujahid à Kaboul. Mais dans les faits ?
"Nous ne pouvons pas attendre de voir des femmes battues en public ou observer le taux de violences conjugales augmenter pour dire que la violence a bel et bien lieu. Ne pas laisser les femmes quitter leur domicile est définitivement une forme de violence !", a encore alerté Mohammad Naciri, comme le rapporte le Financial Times.
Cet appel traduit sans détour un vif sentiment d'urgence. "Ce qui se passe actuellement en Afghanistan est une 'urgence de genre'. Il faut s'assurer que tout dialogue avec les talibans se fasse à condition que les femmes et les filles soient à l'épicentre de ces conversations, pour s'assurer que leurs droits sont préservés", a développé le directeur sur Twitter. Cette "urgence de genre" désigne les discriminations et violences dont sont victimes les filles et femmes sous le règne des talibans, et à travers les préceptes de la loi islamique, la charia.
"Ne pas permettre aux femmes de reprendre leur travail et leur empêcher de participer aux débats publics est définitivement une forme de violence. Nous devons nous assurer d'éviter la pire situation. Eviter que les femmes n'aient plus accès aux services de santé, d'éducation, aux services juridiques, qu'elles ne puissent plus participer activement à la société", alerte encore Mohammad Naciri. Un discours qui résonne comme une alarme.
D'autant plus dans un climat déjà largement délétère, où les femmes craignent pour leurs droits et leur vie professionnelle, mais également pour leur vie, tout court. "Je reçois des dizaines de messages depuis l'Afghanistan de femmes et filles qui vont bientôt être vendues/ mariées/violées du fait de l'occupation talibane. Emmanuel Macron pitié, ouvrons nos frontières pour ces vies qui n'ont pas d'autre issue", alertait il y a peu l'activiste française Alice Barbe. Des préoccupations partagées par les associations et organisations.