Le 4 janvier dernier, Julie, 35 ans, mère de deux petit·e·s de 20 et 1 mois, voyageait en famille avec son compagnon lorsque le besoin de s'arrêter s'est fait ressentir. La voiture prend la direction de l'aire de Beaune les Mines, près de Limoges, sur l'A20, et se gare sur le parking.
"Il était presque 12h30. Je devais m'arrêter pour nourrir et changer les enfants, avant de repartir", raconte la jeune femme à La Dépêche. Il fait froid, elle décide donc de s'installer à l'intérieur de la station pour allaiter le dernier au chaud. "Il n'y avait pas de siège dans le hall, ni près des machines à café. J'ai donc demandé à une personne en caisse au restaurant si je pouvais m'installer sur les fauteuils du restaurant. Elle m'a dit oui, à condition d'avoir mon pass sanitaire."
Julie se dirige vers les banquettes, mais c'était sans compter sur l'intervention d'un manager qui la stoppe net. "Il me dit que je ne peux pas rester là", se souvient-elle, "qu'il faut que j'aille dans la nursery prévue à cet effet. Il me dit qu'ils ont déjà eu des problèmes, des gens se seraient plaints par le passé de femmes qui allaitent." Hallucinant.
La nursery en question, c'est une pièce minuscule et sans fenêtre, avec un toilette pour enfant et une chaise. "Pour allaiter entre 30 minutes et une heure, c'est raide", pense-t-elle. Alors, Julie prend son fils et retourne dans sa voiture.
Au quotidien, elle commente : "Je n'ai pas voulu faire de scandale, mais je trouve ça inadmissible. Personne autour n'a eu l'air choqué, et personne n'est intervenu, même s'il n'y avait pas grand monde". Elle ajoute : "J'ai trouvé leur réaction brutale, et surtout, je ne comprends pas que l'on puisse donner raison à des personnes qui seraient gênées par une femme qui allaite. C'est un retour en arrière inacceptable que de laisser circuler un discours pareil. Cela me met hors de moi". Et comment.
Elle note par ailleurs : "Il n'y a aucune loi qui nous interdit d'allaiter en public. Au contraire, il était question à une époque de sanctionner ceux qui l'interdisent". En effet, la députée Fiona Lazaar a proposé en juin dernier le projet de loi pour délit d'entrave à l'allaitement, suite à l'agression de Maÿlis, giflée par une autre femme lorsqu'elle allaitait dans la rue. Un texte visiblement urgent.
De son côté, le groupe Areas à qui appartient l'établissement épinglé, déplore "une erreur humaine". "Ce qu'il s'est passé est inacceptable, et la personne a été recadrée", assure un porte-parole à La Dépêche. "En février dernier, une altercation a eu lieu entre deux clients à cause de cela. Pour éviter tout problème, notre responsable a pris une mauvaise décision. Interdire les mamans d'allaiter dans nos restaurants ne fait pas partie de notre politique".
Qu'en est-il de celle de la France ?