Va-t-on prochainement assister à une rébellion des femmes en Arabie saoudite ? C'est ce que semble indiquer la vidéo anonyme postée mercredi 9 octobre sur YouTube. Une femme vêtue du niqab, le voile traditionnel saoudien, y apparaît au volant d'une voiture dans les rues de Ryad, alors que les autres automobilistes semblent l'encourager, le pouce en l'air. Car cette femme défie ouvertement les autorités religieuses et politiques d'Arabie saoudite, seul pays au monde à refuser aux femmes le droit de conduire.
Si dans les faits, aucune loi n'interdit la conduite aux Saoudiennes, le poids de la tradition wahhabite et l'influence d'un clergé particulièrement conservateur la rend pourtant impossible. Aucune femme n'est, par exemple, autorisée à passer le permis.
Pour lutter contre cette injustice et, peut-être, faire évoluer les mentalités, trois femmes membres du Majlis al-Choura, le conseil du roi Abdallah, ont déposé ce mardi une recommandation pour une levée de l'interdiction de conduire pour les femmes. Invoquant que la conduite ne contrevient pas à la charia, les trois femmes avaient dans l'espoir de susciter le débat au sein du conseil, dont la séance du jour était consacrée aux activités du ministère du transport. Le conseil consultatif du royaume n'a toutefois pas retenu leur recommandation, et a justifié sa décision par le fait que ladite recommandation « ne relevait pas des compétences du ministère du transport ».
Les femmes saoudiennes ne comptent cependant pas en rester là. Des militantes ont lancé cette semaine sur Internet une campagne pour appeler les femmes à braver l'interdit et à prendre le volant le 26 octobre prochain, rapporte Courrier International. « L'islam et la loi en Arabie saoudite octroient la liberté de mouvement à tous les citoyens, peu importe leur sexe. Le roi Abdallah a par ailleurs déclaré que l'interdiction de prendre le volant ne trouve de justification que dans la tradition et les coutumes saoudienne […] Tout comme les femmes des compagnons du prophète se déplaçaient à dos de cheval et de chameau, il est de notre droit de conduire en utilisant les moyens de transport de notre ère moderne », expliquent les militantes dans un communiqué.
Interrogée par l'AFP, une militante des droits des femmes en Arabie saoudite, Kholoud al-Fahd, explique : « Plusieurs jeunes filles se mettent désormais au volant de leur voiture sans se faire filmer […] J'en ai vu une hier à Khobar. Cela est devenu presque acceptable et ne suscite plus de rejet comme auparavant. »
Mais le fait de ne « plus susciter le rejet » est-il suffisant pour que les autorités religieuses acceptent de voir un jour les femmes conduire légalement en Arabie saoudite ? Rien n'est moins sûr. Pour l'heure, les conservateurs se retranchent derrière l'argument de moralité publique pour continuer d'interdire la conduite aux femmes. Ces dernières sont d'ailleurs loin d'obtenir un jour les mêmes droits que les hommes. Placées sous l'autorité d'un parent masculin ou de leur mari, elles ne peuvent voyager, travailler ou ouvrir un compte en banque sans son autorisation.