Quatre ans après l'annonce de l'ouverture du droit de vote aux femmes, par feu le roi Abdallah, en Arabie Saoudite, les opérations d'enregistrement des électrices sur les listes électorales ont débuté dans l'ensemble du pays le 22 août - une semaine après l'ouverture des inscriptions dans les villes saintes de Médine et La Mecque - dans des centres séparés de ceux des hommes. Un processus lancé en vue des élections municipales du 12 décembre prochain. Pour l'heure, seules 16 femmes se seraient inscrites sur les listes électorales, selon Al Arabiya. Un chiffre dérisoire au regard des 1 237 bureaux de vote (dont 424 réservés aux femmes, ndlr) mis à disposition de la population du Royaume.
Un taux d'inscription famélique lié à un manque d'informations sur l'organisation des opérations, d'après Shaha Muhammad Asiri, responsable de l'organisation de la partie féminine des élections à Al-Darb, citée par Saudi Gazette. Les 16 inscrites seraient toutes originaires du sud-ouest du pays, précisément des Îles Farasan, d'Al-Darb et de Dhamad, située non loin de la ville côtière de Jazan.
"Beaucoup de ces bureaux de vote ne sont pas connus de la population et leurs adresses confuses", indique Bassma Al Seyofi, co-fondatrice de Baladi Initiative, une organisation politique en faveur de l'émancipation des femmes dans la société. Et de conclure : "Il y a un manque de sensibilisation et cela a été un obstacle majeur". Il faut dire que la décision prise en 2011 par le monarque, depuis décédé, au nom du refus de "la marginalisation de la femme", est loin de faire l'unanimité dans une société saoudienne ultra-conservatrice.
Ainsi, nombre de conservateurs du Royaume se sont réunis, sur Twitter, derrière un mot-dièse intitulé : "le danger de l'élection des femmes au sein des conseils municipaux". "Ils y citent à l'appui de leurs opinions des versets du Coran ou des avis religieux conservateurs interdisant à la femme de prendre à la vie publique", précise L'Express. Une opposition qui n'a pas empêché, à la suite de l'ouverture des candidatures dimanche 30 août, quelque 70 femmes de briguer l'un des 408 sièges mis en jeu dans le pays et 80 autres de songer à travailler dans le cadre de la campagne, précise Arab News.
Reste que si l'Arabie Saoudite a accordé le droit de vote aux femmes, comme l'ont déjà fait Le Qatar, Dubaï ou encore Bahrein il y a quelques années, le Royaume wahhabite, désormais dirigé par le roi Salmane, reste extrêmement rétrograde en matière de droits des femmes. Un pays de 30 millions d'habitants dans lequel les femmes n'ont toujours pas le droit de conduire, doivent sortir intégralement couvertes et doivent bénéficier de l'autorisation d'un homme pour travailler ou se marier.