"La non-binarité est une expérience du genre non-majoritaire, c'est-à-dire la revendication alternative d'une identité de genre", nous précisait le sociologue du genre Arnaud Alessandrin, docteur à l'université de Bordeaux.
Sa consoeur Karine Espineira, membre associée du Laboratoire d'études de genre et de sexualité à l'Université de Paris 8, la définissait plus encore dans les colonnes des Inrocks par le refus "de s'inscrire en tant qu'homme ou en tant que femme, avec évidemment toutes les choses qui vont avec derrière." Et d'ajouter : "C'est le refus de l'inscription dans un genre, avec entre guillemets le refus de tous les rôles inhérents au genre attribué. Au genre 'homme' va correspondre tout un tas de choses, au genre 'femme', tout un tas d'autres, dont des oppressions de genre notamment."
Après l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada ou les Pays-Bas, c'est aujourd'hui au tour de l'Argentine d'emboiter le pas d'une reconnaissance officielle de cette réalité. Mercredi 21 juillet, le gouvernement du pays latino-américain a ainsi annoncé que les passeports et cartes d'identité seront désormais dotées de la case "X" dans la catégorie "sexe". Catégorie qui, jusque-là, se limitait à "homme" ou "femme".
"L'État ne devrait pas se soucier du sexe de ses citoyens", affirmait le président Alberto Fernandez lors d'une cérémonie au musée du Bicentenaire, rapporte l'AFP. "Il existe d'autres identités que l'homme et la femme et elles doivent être respectées".
Dans le décret présidentiel publié le même jour au Journal officiel, on pouvait ainsi lire : "La nomenclature 'X' dans le champ 'sexe' comprendra les significations suivantes : non-binaire, indéterminé, non spécifié, indéfini, non renseigné, auto-perçu, non consigné ; ou une autre signification dans laquelle la personne qui ne se sent pas incluse dans le binôme homme/femme pourra être identifiée".
Une loi inédite sur le continent, qui a également pour but de lutter contre la enbyphobie, les discriminations à l'encontre des personnes non-binaires ou "enby", dénomination anglophone. Le texte stipule ainsi que "le droit à l'identité a un lien direct et indissoluble avec le droit à la non-discrimination, à la santé, à la vie privée et à la réalisation de son propre projet de vie".
Pour la Fédération argentine LGBT, il s'agit ni plus ni moins d'une "avancée historique en termes de droits", qui ne se serait pas fait sans le "militantisme des associations". "Bien que l'utilisation du 'X' ne soit pas totalement inclusive dans la reconnaissance du large éventail d'identités qui existent, c'est un pas important sur la voie d'une réelle égalité des droits", souligne l'organisation dans un communiqué.
Reste à se demander : à quand une mesure similaire en France ?