Génesis Carmona est morte, ce 18 février, fauchée d’une balle en pleine tête. Elle avait A 22 ans. Dans la nuit de mardi à mercredi, cette reine de beauté – elle fut élue « Miss Turismo Carabobo » en 2013 – a succombé à ses blessures à l’hôpital de Valencia, commune située à centaine de kilomètres de la capitale Caracas. Quelques heures avant, l’étudiante en marketing manifestait, comme des milliers d’autres jeunes Vénézuliens, dans les rues de sa ville afin de protester contre le pouvoir socialiste. Nicolás Maduro, le successeur attitré de Hugo Chavez élu démocratiquement en avril dernier, fait ainsi face à sa première grande crise. Quinze jours déjà que la grogne sociale, portée principalement par les mouvements étudiants, fait rage dans l’ensemble des grandes agglomérations du pays. Une fronde populaire nourrie notamment par le climat d’insécurité et la profonde crise économique que connaît actuellement le Venezuela, pays en proie à une inflation record de 56 % et des pénuries de plus en plus récurrentes.
Si la répression policière n’est pas exempte de brutalités, comme l’atteste de nombreuses vidéos postées sur le net, il est peu probable que l’assassinat de Génesis Carmona soit le fait des forces de l’ordre. L’homme qui a tiré à bout portant sur la jeune femme – cinquième victime depuis le début des manifestations antigouvernementales – n’a, d’ailleurs, pas été identifié. Mais la responsabilité d’un tel déchaînement de violence leur incombe-t-elle ? La question se pose vivement. En effet, si la police antiémeute fait usage de gaz lacrymogènes, voire de tirs au plomb, pour disperser les manifestants, des groupes de civils, circulant le plus souvent en moto, n’hésitent pas à tirer à balles réelles sur les opposants. Or, ces derniers les soupçonnent fortement d’être téléguidés par le pouvoir.
Sortant pour la première fois de sa réserve, le président américain Barack Obama a condamné « la violence inacceptable » sur le terrain et enjoint son homologue vénézuélien de libérer tous les opposants. Pas sûr que Nicolás Maduro, qui ne cesse de vilipender l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires de son pays, accède aux demandes de Washington. Il a, d’ailleurs, menacé d’expulser les reporters de CNN, coupables à ses yeux de désinformation en évoquant une «guerre civile». La chaîne d’information en continu n’est d’ailleurs pas la seule à subir les foudres présidentielles et d’autres médias importants auraient fait l’objet de tentatives d’intimidation de la part d’un pouvoir manifestement fébrile.