Il y a les machistes inconscients et ceux qui assument sans complexe penser que l’homme est supérieur à la femme. Me Blazy fait partie de cette seconde catégorie. Réagissant à la nomination d’une femme, pour la première fois depuis 550 ans, au poste de bâtonnière du barreau de Bordeaux, ce pénaliste reconnu s’interroge sur les capacités d’une femme à remplir cette fonction pour laquelle, estime-t-il, il faut « avoir les épaules larges ». La phrase était presque passée inaperçue il y a une dizaine de jours et Me Blazy a donc jugé bon d’enfoncer le clou. Dans une interview à RTL jeudi matin, il a justifié sa première déclaration : « Je ne veux pas critiquer mais vous n'avez pas d'avocates qui soient des avocates de renom, connues comme de grandes pénalistes. Ça n'existe pas ». Des propos consternants pour ses consoeurs bordelaises, qui ont manifesté, armées d’ustensiles de cuisine, contre cet épisode « qui cache l’iceberg » du sexisme auquel elles font face quotidiennement dans le petit monde de la justice.
Tandis que certaines enseignes font preuve d’un peu de progressisme en publiant des catalogues de jouets dé-genrés et en renonçant à vouloir absolument vendre de la dînette aux filles et des gros camions aux garçons, certains fabricants ne semblent pas encore entrés dans l’ère du joujou non sexiste. La preuve avec cette publicité repérée sur Twitter et vantant des ordinateurs pour enfants. Tandis que le modèle pour garçons compte une cinquantaine de fonctions, celui (rose, il va sans dire) conçu pour les filles n’en compte que 25… Sans doute parce que ces demoiselles n’auraient de toute façon pas le temps de toutes les explorer : il faut bien que quelqu’un aide maman à faire le ménage.
Etre un homme n’est pas la condition sine qua non pour tenir des propos machistes. Ayem, « révélée » par Secret Story et désormais co-présentatrice du Mag sur NRJ12, en a fait la pathétique démonstration lundi. Lors de la séquence « bolosse pas bolosse » de l’émission, les invités devaient voter pour déterminer si Chris Brown est, ou pas, un gros blaireau. Forcément, très vite, l’épisode des violences du rappeur sur son ex-ex petite amie Rihanna a été évoqué, justifiant, aux yeux de tous les hommes de l’assistance en tout cas, la qualification de « bolosse »… Mais la question n’a pas semblé aussi évidente pour deux demoiselles, en l’occurrence Ayem et Zaho, chanteuse de r’n’b invitée de l’émission. Pour cette dernière, Chris Brown n’est « pas bolosse parce qu’on ne connaît pas toute la vérité. On n’est pas parfait dans la vie… » Et Ayem de renchérir : « Une petite fessée de temps en temps, ça ne fait pas de mal ». Mettons ces remarques de bolosse sur le compte de l’ambition débordante de la première qui espère sans doute croiser le chemin du rappeur commercial pour une éventuelle collaboration ; et de la subjectivité de midinette, pour la seconde, qui a tourné dans un clip de Chris Brown, et, selon ses révélations au magazine Oops, est devenue très très intime de l’artiste il y a quelques jours…
La semaine a commencé par une question : Jean-Pierre Elkabach a-t-il fait preuve de machisme lorsque, dimanche soir, alors qu’il interviewait Manuel Valls sur Europe 1, il a décrit Najat Vallaud-Belkacem comme une « très jolie femme (…) avec une très jolie langue de bois » ? Pour Aurélie Filipetti, cela ne fait aucun doute. La ministre de la Culture a d’ailleurs partagé son sentiment sur Twitter : « Le sexisme a de beaux jours devant lui ». Réponse de l’intéressé : madame la ministre devrait « consulter plus souvent la définition du machisme dans le dictionnaire. Cela lui aurait évité des remarques intempestives qui ne rendent pas service au combat des femmes que je soutiens depuis toujours. » Et d’ajouter que dénoncer la langue de bois fait partie de ses prérogatives de journaliste. Commenter le physique des femmes politiques est-il machiste ? Le débat est ouvert…
Ce top 5 des machos de la semaine s’achève avec une compagnie gérant une partie des réseaux ferrés britannique qui a diffusé une vidéo supposée alerter ses usagers sur les dangers qui les guettent en gare : un enchaînement de cascades… de femmes. Dans les escalators pour la première dont le talon aiguille s’est bloqué entre deux marches ; sur le quai pour la seconde qui, chargée de valises, courrait maladroitement pour attraper son train ; sur le quai encore pour une jeune fille qui rejouait Gene Kelly dans « Singin in the rain », tournant autour d’un réverbère. Véritable avertissement ou façon détournée de se moquer de ces dames ? Le Guardian s’est interrogé. Et, à la question « sur les 3000 accidents immortalisés par les caméras de surveillance chaque année, aucun ne montre donc des hommes qui s’étalent lamentablement ? » Si, mais, a répondu le porte-parole de la société, les accidents impliquant les hommes sont trop violents pour être diffusés, et la société ne veut pas « effrayer les gens ». Imparable.
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