« D'après moi, il faut avoir les épaules larges (...) Est-ce qu'une femme a les capacités pour le faire ? », s'interroge l'avocat bordelais Pierre Blazy. Et de poursuivre : « Je ne veux pas critiquer mais vous n'avez pas d'avocates qui soient des avocates de renoms, connues comme de grandes pénalistes. Ça n'existe pas ». En tenant ces propos sexistes à l'occasion de la nomination de Me Anne Cadiot-Feidt à la tête de l'Ordre des avocats de Bordeaux, ce ténor du barreau bordelais a fait grand bruit. Dans une profession quasiment majoritairement féminine, la question de Me Blazy a provoqué un tollé général, et les avocates bordelaises n'ont pas perdu de temps avant de manifester leur exaspération face aux propos misogynes dont elles sont la cible. Armées de louches, spatules et autres ustensiles de cuisine, elles étaient ainsi une quarantaine jeudi à être venues manifester devant le Palais de Justice de Bordeaux. Vêtues de leur robe noire, certaines arborant des barbes postiches, elles ont dénoncé les paroles injurieuses d'« un homme des cavernes portant la robe, notre robe ».
« Si nous n'avons pas les épaules assez larges, nous en avons plein le dos d'entendre des propos sexistes, misogynes », ont-elles rétorqué à Me Blazy dans une déclaration lue par la porte-parole du collectif, Maître Clothilde Chapuis. Car selon elle, ces propos « ne sont que la partie visible de l'iceberg, certains messieurs considèrent que nous avocates devons nous contenter des affaires familiales, de la petite justice des mineurs, des petits dossiers au tribunal d'instance... Bref, de sujets féminins ! ». Une poignée de collègues masculins étaient aussi venus apporter leur soutien à leurs consœurs victimes d'un « plafond de verre ». Tel Me Bernard Quesnel, venu manifester « sa solidarité avec d'autres avocats », face à des propos « consternants ». Reste que le bâtonnier de Bordeaux a indiqué qu'il ne déclencherait pas de poursuites disciplinaires envers Me Blazy, ne souhaitant pas ajouter « du ridicule au consternant ».
Crédit photo : iStockphoto
Une femme a-t-elle les épaules pour être bâtonnier ? La question sidérante d'un avocat bordelais
Anne Cadiot-Feidt, première femme présidente de l'ordre des avocats depuis 550 ans
Les femmes avocates discriminées pendant la grossesse
Une Castraise devient avocate à l'âge de 84 ans