Qui ne s'est jamais plu à contempler un coucher de soleil après une journée éprouvante ? Difficile de rester indifférent·e face à tant de beauté naturelle. Volontiers associé à des paysages idylliques (plages, montagnes, océans lointains), le coucher de soleil porte en lui quelque chose d'harmonieux (cette palette de couleurs !), de poétique et de profondément mélancolique.
Mais plus encore, certains associent ces chatoyantes images à l'espoir, au bien-être, à l'avenir. Normal : trop souvent ignorée, cette contemplation ordinaire porte en elle des vertus aussi bien psychologiques que philosophiques. Et puisqu'une légère introspection n'est jamais de trop, on vous en dit plus sur les richesses insoupçonnées de ce show en plein air.
Saviez-vous que les couchers de soleil que l'on admire avec nos petits yeux béats profitaient à notre santé mentale ? A l'instar d'une séance de méditation, cette contemplation éphémère apaise la conscience et nous offre un bref sentiment de plénitude. Que ces images orangées investissent un paysage urbain, un panorama de campagne ou encore un océan infini, la zénitude est assurée. L'on aurait donc tort de se priver de ces parenthèses enchantées.
C'est d'ailleurs pour cela que la revue Psychology Today nous invite à mettre en pratique des exercices très "sunset spirit". A savoir, prendre plusieurs respirations lentes et profondes face au coucher de soleil tout en se concentrant sur les nuances de couleurs et sur l'intensité déclinante de la lumière. Une vraie séance de yoga qui peut se savourer casque à l'appui, histoire d'agrémenter ce très sensoriel retour à soi de chansons douces.
Un besoin de calme sur lequel insiste le blog lifestyle Communikait en paraphrasant le professeur de psychologie Richard Ryan : il y aurait dans notre rapport au soleil et au ciel quelque chose de l'ordre "du carburant de l'âme". Pour ainsi dire, un véritable tremplin qui nous aide à repartir du bon pied. Comme si la contemplation influait sur notre comportement. Les psychologues Melanie Rudd et Jennifer Aaker en sont persuadées. Leurs expériences conduites pour l'Université de Stanford et l'Université du Minnesota ont démontré que cette pause visuelle "donnait aux individus le sentiment d'avoir plus de temps à leur disposition, les rendaient plus patients, moins matérialistes mais également plus disposés à aider les autres". Bref, cela nous rendrait meilleur·e·s.
Mais admirer un coucher de soleil, c'est aussi et surtout prendre le temps de le faire, sacrifice rare au sein d'une société accélérée. Idéal pour mettre sur "OFF" une existence ponctuée de soucis divers et recharger ses batteries. Souffler, enfin. C'est dire à quel point l'apport psychologique de ces visions importe pour notre santé physique.
Savourer, pour mieux se reconstruire. A en croire le Huffington Post, accorder quelques minutes à un coucher de soleil ne serait pas sans effets (positifs) sur notre anxiété, notre stress, nos angoisses. La raison ? "L'émotion qui survient lorsque l'on observe quelque chose de si étonnamment vaste qu'il provoque en nous le besoin de mettre à jour nos schémas mentaux". Il y a donc dans cette perception quelque chose de philosophique : une autre manière de considérer ce qui nous entoure et qui nous sommes.
Le site de recherches universitaires Science Daily met cela en lien avec "cette impression d'éprouver un sentiment de respect total et écrasant" au vu de ce qui nous fait face, qu'il s'agisse "du Grand Canyon ou de la beauté éthérée des aurores boréales". L'immensité.
Cette philosophie-là, bien des artistes et des scientifiques l'interrogent. L'espace d'une longue enquête, le New York Times est ainsi allé à la rencontre de tous les profils (auteurs comme designers) pour saisir ce qui, au juste, nous fait tant dans bien avec cette beauté : pourquoi tout ce que nous trouvons beau est-il si important pour nous ? Or d'après l'écrivain André Aciman (l'auteur du best-seller Call Me By Your Name), rien ne définit mieux la beauté qu'un coucher de soleil. Et si nous l'apprécions autant, c'est parce qu'il "nous émerveille et nous élève, nous sort de nos petites vies ordinaires pour nous embarquer dans un royaume plus riche que tout ce que nous connaissons". A cet instant, dixit l'orateur, "le temps s'arrête et nous ne faisons qu'un avec le monde".
André Aciman appelle cela "l'enchantement". Soit une sensation de plénitude semblable au sentiment amoureux. Oui oui. "Nous tombons amoureux des couchers de soleil pas seulement à cause de ce qu'ils sont, mais parce qu'ils promettent de nous réaligner avec nous-mêmes, avec les personnes que nous avons toujours su que nous étions mais que nous avons négligées de devenir", théorise l'écrivain. Vous l'aurez compris, le vertige que nous éprouvons n'est pas (que) propre au panorama (un vaste ciel coloré par un soleil en déclin), il est aussi existentiel.
Vu comme ça, on comprend mieux pourquoi ces images si esthétiques plaisent à autant de monde : à l'instar des plus profondes pensées détaillées par André Aciman, ce sont des évocations universelles. Tout simplement.
Au fond, il y a toujours dans notre expérience intime du coucher de soleil quelque chose d'insaisissable. Tant et si bien d'ailleurs que l'astrophysicien Neil deGrasse Tyson délivre une toute autre version de la chose. A le lire (dans les pages du New York Times toujours), ces images chaleureuses "sont un moyen pour nos sens de nous rassurer lorsque nous nous sentons en insécurité". En gros, le monde peut s'écrouler, l'éclat doré des couchers de soleil perdure malgré tout. Un cocon visuel à l'heure où une pandémie ne fait qu'intensifier nos incertitudes.
Bien-être émotionnel, connexion avec son environnement, épanouissement naturel, bienfaits psychologiques de la lumière, plaisir contemplatif, impressions de satisfaction voire de gratitude... Elles semblent encore se décliner à l'infini, les incidences du coucher de soleil énoncées par Psychology Today. Les émotions provoquées par ce spectacle seraient-elles inépuisables ? On l'imagine, à force de scruter ces véritables toiles solaires.