Beyoncé, Lizzo, Taylor Swift, Charli XCX, Ariana Grande... Entre marches et activisme digital, nombreuses sont les personnalités à se mobiliser outre-Atlantique afin d'honorer la mémoire de George Floyd, tué par un policier 25 mai dernier et dénoncer les violences policières - mais aussi ce racisme toujours aussi assassin au sein de la société américaine. Parmi elles, une voix inspirante s'est faite entendre : celle de Billie Eilish. La jeune chanteuse Guy s'est effectivement permise d'adresser un message à son audience blanche, et ça vaut bien quelques minutes de votre temps.
"J'essaie vraiment d'être respectueuse et de prendre le temps de réfléchir à ce que je dis, et à la façon dont je le dis ... mais putain de merde - je vais juste commencer à parler", a énoncé d'emblée la teen idol à son audience pour introduire sa publication virale (plus de six millions de likes en trois jours). Une introduction qui a le mérite de poser le ton. "... Si j'entends encore une personne blanche dire 'All Lives Matter' une fois de plus, a poursuivi l'artiste sur Instagram, je vais perdre la raison. Voulez-vous bien la fermer ?".
Rappelons-le au passage, le mot-clé #AllLivesMatter ("toutes les vies comptent"), déclinaison pernicieuse de Black Lives Matter, est employé par les internautes (majoritairement blancs) pour tenter de décrédibiliser le militantisme afro-américain et de minorer les flagrants délits de violences à caractère raciste. Ce à quoi Billie Eilish rétorque sans détour : "Personne ne dit que votre vie n'a pas d'importance. Personne ne dit que votre vie n'est pas difficile. Personne ne dit 'littéralement' rien sur vous ...mais tout ce que vous faites, c'est trouver un moyen de tout ramener à vous. Or ce n'est pas à propos de vous !".
En fustigeant celle et ceux qui préfèrent invisibiliser les luttes plutôt que de s'en faire les alliés, la chanteuse vise juste.
Mais Billie Eilish ne s'arrête pas là. "Si ton ami se coupe le bras, tu vas d'abord donner à tous tes amis un pansement sous prétexte que "tous les bras comptent" ? Non, tu vas l'aider car il souffre, qu'il en a besoin, qu'il saigne !", développe-t-elle. Particulièrement estimée pour ses tribunes à l'encontre du "body shaming" et du "slut shaming", la jeune femme de 18 ans s'applique de nouveau à sensibiliser les esprits quant aux plus violentes des discriminations sociales. A la lire, l'oppression systématique des personnes noires est comme une "maison en feu" : impossible de ne pas s'en apercevoir. Et de chercher à éteindre l'incendie.
"Si toutes les vies comptent, pourquoi les Noirs sont-ils tués parce qu'ils sont noirs ? Pourquoi les immigrants sont-ils persécutés? Pourquoi les Blancs ont-ils des opportunités que les autres n'ont pas ?", achève à juste titre la star. Un tacle bien senti à l'égard de celles et ceux qui contestent encore l'existence du "privilège blanc" - ou plutôt le white "fucking" privilege comme le renomme la chanteuse. Sous cette publication abondamment commentée, bien des pendules remises à l'heure. Et une indignation, indéniable, qui retentit : celle de voir les Noirs être persécutés "simplement pour avoir protesté contre le meurtre de personnes innocentes".
"Je veux que les choses soient différentes", a encore clamé l'oratrice au fil d'une publication postérieure. Un post Instagram tout aussi viral et traversé de mots d'ordre éloquents : #BlackLivesMatter, #BlackChildrenMatter, #BlackFuturesMatter... N'en déplaise à une partie de sa fanbase (dont elle se passerait volontiers), l'artiste dit haut et fort son engagement : "Le slogan #BlackLivesMatter ne veut pas dire que les autres vies ne comptent pas. Il interpelle sur le fait que la société pense que la vie des noirs ne compte pas, alors qu'elle compte".