Elles sont formulées à base de soja, de riz, d’amande ou de châtaignes et se sont peu à peu imposées, pour certains parents, comme une alternative au lait de vache dans l’alimentation de leur enfant. Aujourd’hui, ces boissons, couramment appelées « laits végétaux », sont pointées du doigt par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) qui les soupçonne d’être à l’origine de complication grave dans le développement de certains nourrissons.
En effet, en 2011, informée dans le cadre de sa mission de « nutrivigilance » du cas d’un enfant d’un an, nourri au lait d’amande et souffrant d’une grave dénutrition, l’Agence se saisi du dossier. Entre 2008 et 2011, deux études ont ainsi recensé 13 cas de complications (arrêts de croissance, anémie sévère, carences en calcium, en vitamine D et en sodium, désordres métaboliques) imputables à la consommation de laits dits « végétaux ». Et bien que, comme l’explique dans les colonnes du Figaro le professeur Irène Margaritis, responsable de l'évaluation sur la nutrition à l'Anses, il ne s’agisse que « des cas les plus graves, et de ceux qui sont portés à notre connaissance », l’agence a tenu à tirer la sonnette d’alarme.
« Ces boissons ne permettent pas de couvrir les besoins nutritionnels très spécifiques des nourrissons. Leur utilisation peut donc entraîner des insuffisances d'apport, des carences, voire des accidents sévères », fait-elle savoir dans un rapport rendu public ce jeudi. Et pour cause, l’examen de plus de 200 de ces boissons végétales a permis de constater que dans 73% des cas, l’apport énergétique était inférieur au seuil fixé par la réglementation sur l’alimentation infantile. Par ailleurs, 83% d’entre elles présentaient une concentration de protéines problématique, 77% insuffisamment de lipides et 69% avaient affichaient un dosage de sodium inadapté.
Des résultats inquiétants sachant qu’au cours de sa première année d’existence, un nourrisson grandit à la vitesse grand V, son poids étant multiplié par trois et sa taille augmentant de 50%. « À cet âge, une situation de déficit nutritionnel entraîne des effets biologiques non visibles qui se manifesteront à moyen et long terme par des troubles du développement. Les répercussions sont d'autant plus sévères que l'insuffisance d'apport est précoce, importante et prolongée », souligne encore le professeur Margaritis. Autant de raisons qui ont incité l’Agence nationale de sécurité sanitaire à insister sur le fait que « le lait maternel est l'aliment le mieux adapté au nourrisson. En l'absence d'allaitement ou en complément de celui-ci, seules les préparations spécialement formulées pour les bébés peuvent couvrir leurs besoins ».
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