Dans un entretien avec l’AFP, une Tchéchène de 29 ans, qui vient d’être libérée des geôles russes où elle était détenue depuis huit ans et demi, revient sur les conditions d’emprisonnement dans les camps de femmes : « Des gardiens battent les détenues souvent si violemment qu'elles en gardent des séquelles. Dans notre camp, une détenue qui avait été battue au cachot est devenue folle. Sa mère a porté plainte mais sans obtenir aucun résultat. J'ai été moi aussi au cachot à plusieurs reprises. Comme d'autres, j'ai essayé de faire valoir nos droits. Et quand j'avais une visite, je racontais ce qui se passait au camp. Pour me punir, on m'envoyait ensuite au cachot. »
Pendant huit ans et demi, elle a survécu dans un camp de femmes de Mordovie à 500 km à l’Est de Moscou : « Les femmes qui se plaignent, on fait pression sur elles, on les brise, on les envoie au cachot, juste parce qu'elles se plaignent. On frappe les prisonnières dans les camps, mais c'est presque impossible à prouver ». Malgré le combat des ONG russes, la situation a du mal à progresser : « Rien n'a changé dans ce domaine pendant ces huit ans et demi passés en détention », affirme la jeune Tchétchène.
Arrêtée en 2004, la jeune femme réfute toutes les accusations contre elle, dénonçant un complot : lors de son procès, les deux principaux accusateurs sont revenus sur leurs déclarations, révélant qu’ils avaient été contraints, mais le tribunal n’a pas retenu cet aspect de l’affaire. Un jugement qui résonne comme un écho à celui du groupe punk féministe des Pussy Riot. Si la décision du tribunal de Moscou est confirmée en appel le 1er octobre, les trois femmes devraient également purger leur peine dans un de ces camps pour femmes.
Laure Gamaury
Crédit photo : Andrey Smirnov/ AFP
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