Créé il y a un an, après des décès consécutifs à l'épidémie de rougeole qui sévit en France, le groupe d'études de l'Assemblée sur la vaccination a présenté mardi ses recommandations sur plusieurs points controversés. Moratoire sur les adjuvants à base de sels d'aluminium, poursuite de l'évaluation du vaccin contre le cancer du col de l'utérus, vaccin obligatoire contre la rougeole, telles sont les premières pistes avancées après une année d’auditions.
« On doit se poser des questions, mais on ne peut pas faire un amalgame antivaccination », a ainsi prévenu Olivier Jardé, le président de ce groupe. Dans ce cadre, les parlementaires souhaitent d’ailleurs engager une réflexion sur les vaccins à rendre obligatoires, comme le rougeole-oreillons-rubéole (ROR), aujourd’hui seulement « recommandé ». Et pour cause, depuis le 1er janvier 2008, plus de 22 000 cas de rougeole ont été déclarés en France. L’année dernière, six décès des suites de cette maladie ont été enregistrés. « Les gens pensent que quand ce n'est pas obligatoire, ce n'est pas important », regrette Edwige Antier, vice-présidente du groupe d'études. Or, pour cette pédiatre, il est nécessaire « que la population comprenne que le calendrier vaccinal a été pesé, mûrement réfléchi. Ma liberté personnelle s'arrête peut-être là où commence la protection de mon enfant », poursuit-elle. C’est d’ailleurs pour responsabiliser les parents que le groupe d’étude recommande également de faire signer une « décharge de responsabilité » aux patients refusant un vaccin pourtant recommandé.
Le deuxième point ayant retenu l’attention du groupe concerne les vaccins contenant des adjuvants à base d'alumine (hydroxyde d'aluminium, boosteur d'immunité). Les députés se sont dits ébranlés du fait que l'alumine ne reste pas dans le muscle, au point d'injection du vaccin, « mais puisse migrer au niveau cérébral ». Ils restent en revanche réservés quant à son éventuelle toxicité. « En application du principe de précaution », « un moratoire » sur l'alumine, préconisant d'encourager la recherche de nouveaux adjuvants, a donc été recommandé. Le groupe d'études souhaite également que la présence ou l'absence d'hydroxyde d'aluminium soit clairement indiquée sur l'emballage des vaccins, « un signal très fort envoyé aux laboratoires », selon Edwige Antier. Par ailleurs, Gérard Bapt, député PS, a proposé que « pour chaque vaccin obligatoire, une version sans aluminium soit disponible ».
Troisième sujet de controverse, la vaccination de prévention contre les cancers du col de l’utérus, recommandée par les pouvoirs publics, mais contestée par certains médecins à la fois sur son efficacité et ses possibles effets indésirables. Le groupe d'études préconise de « conduire une recherche approfondie sur l'efficacité et les effets du vaccin », avec la publication d'un rapport annuel sur les bénéfices-risques. Autant de recommandations qui vont dans le sens d'une plus grande transparence.
Crédit photo : Comstock
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