Un grand mix entre La mort vous va si bien (la comédie culte où Bruce Willis côtoient Meryl Streep et Goldie Hawn), Stanley Kubrick, Evil Dead et David Cronenberg. N'en jetez plus ! C'est ainsi que le public du Festival de Cannes 2024 définit aujourd'hui The Substance, LE choc de cette édition. Qu'est-ce que c'est ?
Simple : The Substance est le second long métrage - en quasiment dix ans - de la cinéaste française Coralie Fargeat. Apparue dans le paysage ciné en même temps que Julia Ducournau (Palme d'or pour Titane), la réalisatrice avait délivré Revenge, relecture féministe d'un sous genre horrifique douteux (le rape & revenge) avant d'imaginer... Une comédie très très gore sur une ancienne star de cinéma soucieuse de son âge et passionnée d'aérobic qui se met à rêver d'une jeunesse éternelle... Aux lourdes conséquences toutefois !
Mais The Substance, c'est aussi un film au casting prestigieux - Margaret Qualley y rencontre Demi Moore, qui fait un grand come back l'espace d'une performance largement saluée - qui s'amuse de l'usine à rêves en parasitant cet imaginaire de nombreuses thématiques féministes et... D'une violence ultra graphique. De quoi rendre le public cannois dingue.
On tient peut être déjà la Palme d'or ! Il se pourrait que dès son second essai, Coralie Fargeat remporte le précieux sésame. Car The Substance a suscité un enthousiasme débordant. Alors que le site de cinéma Ecranlarge affirme "tenir [leur] Palme", saluant un film radical et réjouissant offrant notamment "un véritable festival de métamorphoses d'un réalisme à couper le souffle", la journaliste Perrine Quennesson est ressortie traumatisée de ce "Sueurs Froides transposé dans une boucherie qui fait exploser le male gaze".
Le male gaze, comme l'énonce Iris Brey, c'est ce regard masculin qui sexualise le corps féminin et le plie à ses propres fantasmes libidineux. A l'inverse, ce film d'horreur est salué pour son regard féminin, son female gaze, et sa propension à aborder culte du corps et de la jeunesse, diktats de beauté hyper aliénants, hypocrisie de l'industrie hollywoodienne, pressions et injonctions terribles - comme la chirurgie esthétique.
Et ce, à travers une star qui a bien connu tout cela, jusqu'à sa propre chair : l'éternelle Demi Moore. Bien des critiques voient à travers l'actrice une futur prix d'interprétation cannois. "Vous pensiez avoir tout vu ? Coralie Fargeat vous montre que son univers ne connaît aucune limite. The Substance est le punk rock du cinéma. Mon cerveau sautait en l'air. J'ai rarement vu un truc pareil de ma vie. Et Demi Moore est immense", décrypte ainsi le journaliste Thomas Desroches. Personne ne semble s'être remis de cette séance !
Et on a très très hâte de vous en reparler ici.