Il n'est plus du tout l'équipement marginal qu'il a pu être. Sur les pistes de ski, le casque est désormais sur la grande majorité des têtes des skieurs et snowboardeurs. Mais certains événements tragiques comme le décès de Gaspard Ulliel relancent les discussions autour de son port obligatoire.
Selon un sondage YouGov pour Le HuffPost, 86% des Français sont favorables à cette obligation pour les adultes. C'est plus que les 69% qui se prononcent pour l'obligation du casque à vélo. Et ce chiffre est encore plus important lorsqu'il s'agit de la sécurité des enfants; 94% se prononcent alors en faveur d'une telle obligation.
Mais les différents interlocuteurs avec lesquels nous avons discuté sont unanimes: l'obligation, ce n'est pas pour tout de suite, et mieux vaut miser sur la prévention. "Le casque est un outil de prévention majeur et il faut communiquer sur l'importance de le porter et continuer à inciter les usagers à le faire. Ce qui n'interdit pas, à moyen terme, d'avoir une réflexion plus poussée sur le sujet", nous explique-t-on au ministère des Sports.
La ministre déléguée Roxana Maracineanu a récemment convoqué une réunion avec tous les acteurs de la montagne autour du casque et plus généralement de la sécurisation des espaces de pratique, à la suite du décès de l'acteur Gaspard Ulliel, mais aussi de celui d'une petite fille de 5 ans à quelques jours d'intervalle.
"Je ne crois pas qu'il faille rendre le casque obligatoire, mais son port est fortement recommandé. C'est d'ailleurs déjà largement répandu: selon les professionnels, 70% des skieurs le portent. Il est essentiel de rester prudents, et cela passe bien sûr par les équipements, mais aussi par des comportements responsables sur les pistes", avance son collègue Jean-Baptiste Lemoyne en charge du Tourisme.
En effet, selon une étude du Système national d'observation de la sécurité en montagne (SNOSM) menée en 2019, 73% des skieurs français adultes, et 97% des enfants de moins de 12 ans, portent un casque. Pour Ludovic Richard, responsable de ce bureau dépendant du ministère des Sports et du ministère de l'Intérieur, ces chiffres seraient encore plus élevés si la même étude était réalisée aujourd'hui. "La prévention fonctionne globalement bien, et des accidents emblématiques incitent encore plus les gens à s'équiper", souligne-t-il.
La prévention, c'est l'axe principal sur lequel misent le gouvernement et les différents acteurs de la montagne depuis plusieurs années. Alors qu'en 2013, la sénatrice du Haut-Rhin Patricia Schillinger interpellait la ministre des Sports quant au fait d'envisager l'obligation du port du casque, l'accent était déjà mis sur l'incitation, et semblait porter ses fruits. Entre 1995 et 2011, le port du casque chez les enfants avait bondi de 15 à 95%. La prévention permet "une modification profonde des mentalités chez l'adulte, où l'on observe un taux d'équipement croissant chaque année. Il paraît donc souhaitable de privilégier cette approche préventive, souhaitée par de nombreux acteurs de la montagne, avant éventuellement de légiférer sur ce sujet", expliquait alors le ministère.
"La montagne reste un espace de liberté et la méthode douce telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui porte ses fruits", ajoute Ludovic Richard. Au début de la saison 2021-2022, le ministère chargé des Sports a d'ailleurs relancé une campagne de prévention composée d'affiches, d'un mémento des bonnes pratiques ou encore de vidéos pour se préparer aux vacances d'hiver. "Je mets mon casque comme 73% des skieurs", peut-on lire sur les différentes affiches.
De son côté, la députée des Hautes-Alpes Pascale Boyer se demande tout de même sur la possibilité d'aller plus loin que la prévention.
"Actuellement, ce n'est pas dans les tuyaux, mais pourquoi pas une réflexion et une obligation à moyen ou long terme ? Faut-il se caler sur l'exemple de la loi LOM, qui oblige désormais les enfants de moins de 12 ans à porter un casque sur un vélo ?", s'interroge-t-elle. "On commence par la prévention en espérant que ça aboutisse à plus de gens qui en portent, mais il faut peut-être aller plus loin que ça, en discutant avec toutes les parties prenantes." Selon elle, le port du casque serait bénéfique, ne serait-ce que pour les collisions qui se produisent souvent en bas des pistes à l'arrêt. Mais aussi pour habituer les plus petits à voir le casque comme faisant partie d'un équipement standard.
Par ailleurs, il faut savoir que le port du casque à lui tout seul ne pourra jamais empêcher les accidents graves ou mortels. L'acteur Gaspard Ulliel n'en portait pas, mais à ce stade, rien n'a permis d'assurer qu'un casque aurait changé l'issue de cet accident.
"Le casque n'offre qu'une protection partielle, notamment contre des chocs mineurs, mais sa protection est plus limitée en cas de choc important, avec des lésions traumatiques sévères comme des commotions cérébrales", nous indique-t-on du côté de la ministre des Sports. "Le casque protège moyennement dès lors qu'il y a de la vitesse ou contre des obstacles", précise Ludovic Richard.