Vos seins s'affaissent et ne correspondent pas à l'image fantasmée d'une poitrine "idéale" ? Qu'importe, assure Chidera Eggerue. Depuis cet automne, cette blogueuse anglaise de 23 ans connue sous le nom de The Slumflower fait parler d'elle sur les réseaux sociaux. Son combat ? Célébrer les seins qui tombent, n'en déplaise aux médias qui plébiscitent les seins fermes en forme de poire. Avec le hashtag #SaggyBoobsMatter ("Les seins qui tombent comptent"), elle publie des photos d'elle en décolleté sur Instagram et sur Twitter, affichant fièrement sa poitrine, que certains qualifieront péjorativement de "gant de toilette". Complexée pendant de nombreuses années, la jeune femme a songé à la chirurgie esthétique avant de renoncer à emprunter ce chemin. "Les seins flasques sont sous-représentés et être sous-représenté vous fait vous sentir étranger à la société", explique Chidera Eggerue.
À la place du bistouri, Chidera Eggerue a donc opté pour l'écriture et le pouvoir infaillible des mots. "Tous les seins sont magnifiques, et les seins flasques ne font pas exception", telle est sa devise. Ou comment dire non au body shaming et faire la part belle au body positive. Pour Chidera Eggerue, le diktat des "seins parfaits" est entretenu par une forte prégnance du patriarcat. "Les hommes sont conditionnés pour ne voir les femmes que comme des vagins qui, parfois, pensent. Le corps des femmes est donc disséqué et critiqué comme si nous n'existions que pour satisfaire", écrit-elle dans un post Instagram. Sur la toile, le message de cette blogueuse a été largement entendu : de nombreux internautes la remercient, louant son courage et sa force de caractère. Aujourd'hui, la jeune femme est fréquemment invitée dans des conférences sur le féminisme pour partager ses expériences.
La jeune Britannique ne manque d'ailleurs pas d'humour. Dans l'un de ces post, elle balance la délicieuse punchline : "La prochaine fois qu'un mec te demande pourquoi tes seins tombent, demande-lui pourquoi ses couilles pendent." Bien sûr, comme toutes les influenceuses, The SlumFlower compte, à côté de ses admirateurs, quelques détracteurs. Parmi eux, le compositeur nigérian Don Jazzy, qui est allé jusqu'à produire un photomontage sur Twitter afin "d'évaluer" les plus beaux corps féminins en les comparant aux moins attirants. Pour illustrer son propos, celui-ci a opposé Rihanna (pour le beau corps) à Chidera Eggerue (peu attirante selon lui). Une attaque gratuite à laquelle Chidera Eggerue n'a pas manqué de riposter : "J'aime être humiliée et calomniée par des musiciens nigérians. Merci d'être horrible, Don Jazzy. J'espère que ça en valait la peine !"
La démarche de Chidera Eggerue rejoint celle de nombreuses autres femmes engagées sur les réseaux sociaux dans un combat contre le body shaming. En janvier dernier, la blogueuse anglaise connue sous le pseudo de tOnitOne a fait sensation sur Twitter en créant le hashtag #chubbycheekgang, qui consiste à célébrer les joues rondes. Fin mai 2017, Sally Bergesen, fondatrice de la marque de vêtements de sport Oiselle, a lancé le hashtag #Theysaid afin de dénoncer les critiques et remarques que les femmes doivent quotidiennement endurer sur leur physique.