Lorsque l'on est une fille, les complexes que l'on développe commencent souvent dès l'enfance, avant même la puberté. Trop petite, trop grande, trop ronde, trop grosse, nez trop grand, trop de boutons, dents en avant, pas assez de poitrine... Quand notre apparence physique ne se conforme pas en tous points aux standards classiques de beauté, les remarques désobligeantes, humiliantes et vexantes sur l'image que l'on renvoie aux autres sont légion.
Évidemment, la presse féminine ou le monde de la mode jouent en grande partie leur rôle inquisiteur, en nous incitant à être toujours plus minces et en nous faisant croire que de notre beauté dépendra l'amour que nous susciteront et le succès que nous aurons dans la vie.
Mais ce sont bien souvent les autres, celles et ceux que l'on côtoie au quotidien, qui sont à l'origine du développement de nos complexes. Parce qu'ils se permettent de juger à quoi nous ressemblons, ils influencent directement l'image que nous renvoie notre propre corps. Et ce qu'ils aient souhaité se montrer volontairement blessants ou non.
Cette tendance à juger sur l'apparence physique et à insulter celles et ceux qui sortiraient des normes a un nom : le body shaming. Inacceptable car destructrice pour ses victimes, cette pratique est aujourd'hui vivement dénoncée sur Twitter via le hashtag #TheySaid.
Lancé fin mai par Sally Bergesen, la fondatrice de la marque de vêtements de sport Oiselle, il a depuis été repris des milliers de fois pour dénoncer, avec force témoignages, les critiques que les femmes doivent endurer sur leur physique.
"'Continue de manger comme ça et tu vas devenir une vraie boule'. Mon père quand j'avais 12 ans"
""Si tu perds du poids, alors les garçons s'intéresseront à toi". Ma grand-mère quand j'avais 15 ans. Arrêtons avec le body shaming"
"Tu es si mignonne ! Mais si tu mincis tu seras encore plus jolie"
"'Si tu perds du poids, alors je sortirai avec toi'. Mon 'ami'"
"'Tu devrais arrêter de manger', 'La minceur est ce qu'il y a de mieux', 'personne n'aime les filles grosses' Ma mère et ma grand-mère me disent des choses comme ça tout le temps"
"'Tu es anorexique ?', 'Tu manges des fois?', 'Tu as bien besoin de quelques burgers', 'Je parie que ma jambe pèse plus lourd que toi'"
"'Je ne sais pas ce que tu as fait, mais tu as l'air en bien meilleure santé maintenant. Bravo d'avoir perdu autant de poids' Ce qu'on me disait après être devenue anorexique".
"'Tu as un si joli visage. C'est tellement dommage que tu sois grosse. Aucun homme ne voudra jamais t'épouser'. Ma mère quand j'avais environ 12 ans".
Face à l'engouement suscité par le hashtag #TheySaid et les milliers de réponses qu'il a engendrées, Sally Bergesen a décidé d'en créer un second. Cette fois-ci, #SheReplied ne donne pas la parole aux auteurs des paroles blessantes, mais à celles et ceux qui en étaient la cible, pour prouver que la honte de son corps n'est pas une fatalité. Une belle initiative qui a elle aussi fait des émules.
"Avec quelles réponses pouvons-nous armer nos filles? Je vais commencer: 'En fait, tous les corps sont différents et je suis juste pour moi.'"
"Pour être honnête, ces types de commentaires se sont révélés vraiment nuisibles pour moi et pour d'autres."
"Je sais que tu veux bien faire, mais ces commentaires sont blessants."
"Merci de m'objectiver con***d."