"Triste", "terrible", "honte à l'humanité" : telles sont les réactions des internautes lorsqu'ils découvrent la photo d'une petite Syrienne qui fait le tour du Web depuis près d'une semaine. Et pour cause, le cliché montre cette fillette de 4 ans, les mains en au-dessus de la tête, l'air apeuré. Publiée sur Twitter le 26 mars dernier par la photojournaliste Nadia Abu Shaban, la photo, qui date de fin 2014, aurait d'abord été publiée dans le journal turc Türkiye, selon le site Konbini. Mais quatre mois plus tard, l'émotion provoquée s'explique autant par la puissance médiatique des réseaux sociaux que par le message accompagnant la photo. "Un photojournaliste a pris cette photo d'un enfant syrien, il pensait que c'était une arme et non un appareil photo, donc il s'est rendu !", précisait en effet Nadia Abu Sheban sur le site de microblogging.
Une explication confirmée par l'auteur de la photo, le photographe Osman Sagirli, ancien collaborateur d'une ONG humanitaire turque, travaillant désormais en Tanzanie. Retrouvé par une chaîne d'information américaine après plusieurs jours de recherche, il a expliqué les circonstances dans lesquelles avait été pris le fameux cliché. Alors qu'il se trouvait dans le camp de réfugiés d'Athmeh, à 10 kilomètres de la frontière turque, il a fait la rencontre de la petite Hudea, de sa mère et de ses trois frères et soeurs, ces derniers ayant dû fuir leur domicile de Hama, après le bombardement de la ville et le décès de leur père sous les bombes.
"J'utilisais un objectif de longue focale. Elle a pensé que c'était une arme"
"J'étais en train d'utiliser un objectif de longue focale et la fillette a dû penser que c'était une arme", a raconté Osman Sagirli à la BBC. Et de poursuivre : "Je n'ai réalisé qu'elle était terrifiée seulement après avoir pris la photo, parce que dessus, elle serrait les lèvres et avait levé les mains en l'air. Normalement, quand ils voient un appareil photo, les enfants s'enfuient, cachent leur visage ou évitent de sourire".
Exerçant ce métier depuis 25 ans, celui qui a couvert de nombreux conflits à travers le monde assurent que, comme le montre cette photo, c'est à travers les yeux des enfants que s'illustrent le plus vivement les conséquences causées par ces guerres. "On sait que ce sont des réfugiés. La souffrance prend plus de sens non pas à travers des adultes mais à travers les enfants. Ce sont eux qui reflètent le mieux ce sentiment d'innocence", a-t-il analysé.
À noter qu'à ce jour, la photo de la petite Hudea a été partagé plus de 16 000 fois.