Laurence Allard : Ces données témoignent du tournant dit « participatif » pris dans le rapport aux médias et à la culture. Il est toujours intéressant de pouvoir mesurer cette participation, et le nombre de commentateurs (38%) est remarquable ainsi que ceux qui diffusent des contenus (articles, liens, vidéos) avec 37%. Cela signifie que plus d’un tiers des internautes ne se contentent plus de lire mais qu’ils participent –gracieusement il faut quand même le souligner – à la codiffusion et à la coproduction de l’information. Ils s’engagent plus avant en prenant le temps d’écrire leur opinion sous une forme ou une autre. Internet a créé cette possibilité de réversibilité des rôles de la lecture à l’écriture, ce que l’imprimerie ne permettait pas. Les réseaux sociaux, en automatisant au maximum les fonctions de partage ont stimulé ces nouveaux comportements. On remarque que les jeunes sont ceux qui commentent et partagent le plus l’information sur les réseaux sociaux – 46% des 18-24 ans et 53% des 25-34 ans-, ils ont grandi dans cette culture de la lecture/écriture. Et même dans leur rapport à l’information, ils sont habitués à nourrir leurs conversations en s’appropriant matériellement les contenus vidéos, photos, liens ou à les commenter ou les remixer parfois de façon comique.
L. A. : J’observe dans ce sondage qu’il semble y avoir une réticence, plus marquée chez les femmes d’ailleurs quant à la question posée dans le sondage du manque d’analyse et à l’information non vérifiée qui peut être diffusée sur les médias en ligne. Mais je pense qu’il faut considérer que le temps réel permis par le Net et les réseaux sociaux – mis ici en avant par plus d’un tiers des personnes interrogées dans leur choix des médias numériques - relève d’une autre expérience, celle de l’expérience vive, de l’événement, qui ne sont pas encore devenus de l’information telle qu’elle est traitée par le journaliste. Il faut distinguer un fait tweeté, un sentiment publié pour quelques-uns sur Facebook de l’information analysée et vérifiée par un journaliste, à partir des codes de sa profession. Tout n’est pas information.
L. A. : Le mobile est toujours un peu négligé alors qu’il concerne l’ensemble de la population mondiale (5 milliards d’abonnés). Ainsi, il a joué et joue encore un rôle primordial dans les révolutions arabes. En Egypte par exemple, on accède à Internet d’abord par le mobile : les photos, vidéos et commentaires postés par les Egyptiens ont constitué la documentation principale de leur révolution. Au quotidien, il s’est imposé dans les temps de transport ou d’attente des mobinautes (17 millions en France). La connexion aux réseaux sociaux et à l’information via le mobile renforce le sentiment de mouvement et d’une info globale venant de tous les fuseaux horaires. On est connecté au monde, à un réseau qui ne dort jamais.
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