Si si, vous avez bien lu. Au Royaume-Uni, le déconfinement s'amorce et, parallèlement, les restrictions de rassemblement se durcissent. Une loi interdit, depuis lundi 1er juin, ceux de plus d'une personne à l'intérieur, et de six à l'extérieur, hors habitant·e·s du foyer. Elle stipule exactement, selon The Independent : "personne ne peut participer à un rassemblement qui a lieu dans un lieu public ou privé à l'extérieur et qui est composé de plus de six personnes, ou à l'intérieur et qui est composé de deux personnes ou plus".
Soit. Sauf que pour celles et ceux qui n'habitent pas avec leur partenaire, les conséquences sont radicales. Et Adam Wagner, avocat spécialisé dans les droits de l'homme, alerte : "Il s'agit d'une restriction importante de nos droits à la vie privée et familiale, même si elle peut être justifiée par la gravité du risque pour la santé publique", explique-t-il à The Independent. "Maintenant que le confinement est levé, les règles sont devenus plus strictes sur ce que nous pouvons faire avec d'autres personnes dans notre propre demeure. C'est peut-être une conséquence involontaire de ce changement, mais elle touchera des milliers de personnes et le gouvernement devrait examiner de toute urgence s'il faut faire une exception pour les personnes en couple."
Car voilà, si vous souhaitez rendre visite à votre partenaire dont vous ne partagez pas encore la résidence, vous vous exposez désormais tous·te·s les deux à une amende (dont on ne connaît pas encore le montant). Pas de sexe pour un moment, donc. Faire l'amour dehors, vous dites ? Eh bien toujours pas. Mais dans cette situation, le coronavirus n'y est pour rien, c'est une histoire de moeurs ; vous pouvez être arrêté·e pour atteinte à la pudeur. Difficile de trouver une parade autre que s'amuser par écrans interposés quand on ne vit pas sous le même toit.
La suggestion du gouvernement pour continuer de jouir de ses libertés sentimentales ? Que les couples passent le pas et déménagent pour habiter ensemble. Facile à dire.
Pour certain·e·s, cette contrainte soulève des questions moins légères, et exacerbe (encore) les inégalités. C'est le cas d'Alicia, 24 ans, en couple depuis deux ans et demi. Avec son petit ami, ils ont passé le confinement dans des lieux séparés, car ils ne vivent pas ensemble.
Elle témoigne auprès de Stylist : "J'ai le sentiment que beaucoup de couples qui ne vivent pas ensemble sont généralement des jeunes qui ne peuvent pas se permettre de déménager, et j'ai l'impression que les jeunes sont une fois de plus oubliés et pénalisés pour quelque chose dont ils ne sont pas responsables. Cette situation a également un effet vraiment négatif sur ma santé mentale, au point que j'envisage de suivre une thérapie pour faire face à cette situation."
Rachel, 30 ans, en couple depuis six mois, évoque l'incertitude de la situation, qui semble interminable : "Quand j'ai vu la nouvelle pour la première fois, j'ai pensé que ce n'était qu'un titre dramatique pour les clics, mais quand j'ai réalisé que c'était en fait une loi au Royaume-Uni, je me suis senti un peu malade", confie-t-elle. "Je n'ai pas été à moins de deux mètres de mon partenaire, que j'ai vu quatre fois au cours des onze dernières semaines. Je veux savoir combien de temps cela durera et comment cela sera appliqué."
La jeune femme s'inquiète également des implications plus larges de cette loi : "j'ai l'impression que cela constitue une énorme atteinte à nos droits en tant que personnes", estime-t-elle. "Je comprends que le gouvernement veuille contrôler la propagation du virus, mais je ne pense pas qu'il ait envisagé les aspects pratiques de la chose - si de nombreux couples commencent maintenant à déménager pour être ensemble, cela va-t-il améliorer ou aggraver la propagation du coronavirus ?"
Quoiqu'il en soit, le sujet fait parler : le hashtag #sexban explose sur les réseaux sociaux.