Pour beaucoup, le retour "à la normale" post-Covid se fera loin des transports. Au métro, les citadin·e·s sont nombreux·se·s à préférer le vélo. On a d'ailleurs compté un bon de son usage de 44 % durant la première semaine de déconfinement en France. En ville, mais aussi en périphérie et à la campagne. Des chiffres qui en disent long sur les nouvelles résolutions prises pour se protéger, protéger les autres, et agir contre la pollution - et ce, à une échelle nationale.
Seulement concrètement, par où commencer quand on veut s'y mettre sérieusement pour la première fois ? Comment ne plus avoir peur de pédaler au milieu d'un trafic dense, dans quel matériel investir, comment s'équiper pour se déplacer en toute sécurité : on a demandé à Tamara Kroll, de l'association Ka-cycling, Femme & Cycliste, qui accompagne le développement du cyclisme féminin, de nous éclairer sur le sujet. Guide utile et détaillé.
Tamara Kroll : "Le premier conseil est assez général : allez-y, n'hésitez pas, lancez-vous ! Ensuite, pour se rassurer, il est souhaitable de reconnaître le parcours. Le weekend par exemple, à vélo, on fait le parcours. On note les zones : rues sans piste cyclable, pistes cyclables, traversées de route, croisements, stops, feux de signalisation, plaques d'égouts au sol, trous dans la route... On peut prévoir une reconnaissance en voiture tout en se plaçant dans la peau d'un cycliste."
T. K. : "On va débuter sur le premier vélo venu (occasion ou Velib), à condition d'en avoir fait une révision préalable afin de ne pas avoir de mauvaise surprise. Cela comprend, évidemment, les éléments de sécurité et le réglage de la hauteur de selle.
Et puis, une fois acquise la certitude que l'on va poursuivre l'aventure, on peut penser à acheter un vélo neuf. Parce qu'on le mérite, parce qu'il faut savoir se faire plaisir, parce qu'on investit dans un objet qui nous fait faire des économies. On investit dans un vélo qui nous permet de faire ce qu'on a à faire. Plus la distance est longue, plus le vélo doit être confortable. Si le parcours contient des dénivelés importants, on veille à acquérir un vélo permettant de changer de braquet ce qui facilite le passage des montées. Si la distance est longue et/ou le parcours difficile, on peut envisager un vélo électrique.
Dans les villes, il existe des associations, type Maison du vélo, qui proposent des vélos d'occasion révisés. Ce qui peut suffire."
T. K. : "Les vélos en libre-service sur les trottoirs des villes en sont équipés parce qu'ils permettent d'y déposer les objets qu'on transporte. Il faut prendre garde aux vols. Le vélo qu'on utilise doit être équipé de manière à répondre aux besoins qu'on a et on veille à s'équiper en conséquence. Si on doit transporter des objets volumineux, on peut s'équiper de sacoches (devant le guidon, à l'arrière). Il faut aussi se méfier des vols à l'arraché. Un sac à dos est préférable."
T. K. : "Des équipements de sécurité sont obligatoires : freins avant et arrière, des catadioptres (dispositifs rétroréfléchissants) de couleur rouge à l'arrière, de couleur blanche ou jaune à l'avant, de couleur orange sur les côtés et sur les pédales doivent être présentes sur le vélo et en bon état de marche, des feux de position l'un émettant une lumière jaune ou blanche à l'avant et une lumière rouge à l'arrière, un avertisseur sonore.
Le casque représente le plus sûr moyen de protéger la tête en cas de chute ou d'accident. Le port d'un gilet rétro-réfléchissant certifié est obligatoire pour tout cycliste, et son éventuel passager, circulant hors agglomération, la nuit, ou lorsque la visibilité est insuffisante. Il est possible de s'équiper d'une petite caméra permettant d'enregistrer le trajet et de garder la trace d'éventuels incidents voire accidents."
T. K. : "Il faut d'abord prendre soin de soi en s'assurant qu'on est bien assis sur le vélo. Il faut régler la hauteur de la selle pour éviter de se blesser les articulations (genoux, chevilles) et s'assurer que les pieds reposent correctement sur les pédales. Tout cela, c'est le premier soin qu'on doit au vélo.
Si le vélo n'est pas neuf, il faut le faire réviser chez un professionnel. Quand le vélo est en état, il faut vérifier la pression des pneus avant de monter sur le vélo, d'une simple pression sur le pneu on s'assure qu'il est correctement gonflé. Ce qui évite de partir avec un pneu dégonflé. Une fois par semaine, on passe un coup de chiffon sur la chaîne pour enlever les poussières. On repasse un filet d'huile sur la chaîne. On jette un coup d'oeil sur les pneus pour voir le degré d'usure. Et on vérifie la pression. Une fois par an, on l'emmène chez un professionnel pour faire une vérification générale."
T. K. : "Équipez-vous toujours d'au moins un antivol U. Même un mauvais U est toujours mieux qu'un câble. C'est LA protection minimum à avoir. Deux antivols valent mieux qu'un ! Tout d'abord, cela permet de sécuriser à la fois les roues et le cadre plus facilement. Ensuite, cela a un effet très dissuasif auprès des voleurs : ils se tourneront vers un autre vélo plus accessible ! La protection de base qui est conseillée est : un bon antivol U assez long pour sécuriser le cadre et une roue à un point fixe, puis pour sécuriser votre seconde roue, une chaîne avec des maillons de 6 mm au moins ou un câble d'au moins 10 mm de diamètre."
T. K. : "Les enfants de moins de 12 ans doivent désormais obligatoirement porter un casque lorsqu'ils font du vélo, sous peine d'amende. A partir de 12 ans, le port d'un casque n'est pas obligatoire pour circuler à vélo, mais nous le recommandons vivement.
Tous les casques n'ont pas des caractéristiques identiques. Cependant, il faut faire confiance à ceux qui sont vendus dans les magasins spécialisés. Pour être mis sur le marché, un casque doit être conforme aux dispositions du règlement (UE) 2016/425 ou du Code du sport ou du Code du travail, selon le cas, en particulier aux exigences essentielles de santé et de sécurité le concernant.
Il n'y a plus qu'à. Car en plus des avantages environnementaux évidents, le vélo est aussi bon pour le moral."