Le ministère allemand des Transports a été bien mal inspiré. En cause : une campagne de prévention incitant au port du casque à vélo. Sur l'une des affiches, on peut voir une mannequin, Alicija Köhler, en soutien-gorge en dentelle portant le fameux casque. Le slogan ? "C'est moche. Mais cela sauve des vies."
Cette campagne, déclinée en plusieurs posters présentant de jeunes mannequins dénudés, devrait être déployée à travers le pays. Mais elle s'est heurtée à une opposition immédiate. Ainsi l'aile féminine du Parti social-démocrate (SPD) a demandé le retrait de ces affiches.
"C'est gênant, stupide et sexiste de la part du ministère des Transports de faire de la politique en utilisant la nudité", a dénoncé Maria Noichl, sa présidente au journal Bild am Son.
Katja Mast, députée du même groupe au SPD, a également commenté : "L'argent des impôts ne devrait pas être dépensé pour mettre des femmes et des hommes à moitié nus sur des affiches."
Sa collègue Josephine Ortleb renchérit, soulignant qu'une bonne campagne "n'avait ni besoin de femmes traitées comme des objets, de nudité ou de sexisme pour sensibiliser les jeunes gens à la sécurité à vélo."
Du côté du ministère, on se défend de tout sexisme, avançant que ce message provocant serait un bon moyen de sensibiliser le jeune public. "Une campagne de sécurité routière devrait secouer les gens et peut être controversée", souligne un porte-parole du département.
Le directeur général du DVR, association de sécurité routière allemande, souligne quant à lui que la campagne affiche à la fois des hommes et des femmes.
"Il est important d'atteindre notre cible jeune car le taux de port du casque dans ce groupe d'âge est terriblement bas. Nous avons réussi."
Un argument non recevable pour la ministre de la Famille, Franziska Giffey. Postant une photo sur son compte Facebook sur laquelle elle apparaît casque sur la tête, en robe et veste, son vélo à la main, elle tance son collègue ministre des Transports Andreas Scheuer, membre du parti conservateur CSU: "Cher Andreas Scheuer : entièrement habillée va bien aussi avec un casque !"
Cette polémique n'est qu'une énième illustration de l'utilisation abusive et inappropriée de la nudité dans l'espace publicitaire et de l'hypersexualisation et de l'objectification des corps.
Comme le précise le Conseil de l'Ethique publicitaire (CEP) en France, "ce n'est pas tant la présence de corps nus ou quasiment nus qui peut être choquante que le traitement publicitaire de la nudité. Il en va ainsi notamment des messages où des corps (ou des parties de corps) sont utilisés en tant qu'objet, en tant que simple faire-valoir du produit, déshumanisé et sans personnalité (ainsi par exemple, la plupart des corps représentés sans tête) ou en tant qu'élément gratuit de provocation."