Souvenez-vous de ce terme : "negging". Et surtout, de ce en quoi cette technique de manipulation émotionnelle consiste. Car faites-nous confiance, elle est l'un des red flags à garder en tête quand on échange avec une personne qui, jusque-là du moins, nous plait. Et malheureusement, elle est plutôt courante.
Le negging, pour la faire courte, c'est la façon dont certaines personnes vont enrober un "compliment" d'un tacle sournois, afin de déclencher en vous l'envie de leur prouver qu'elles ont tort, et de gagner à leurs yeux une estime que vous voyez désormais comme le but à atteindre absolument. Urban Dictionary, la bible de l'argot, le décrit comme "des insultes de bas étage destinées à saper la confiance en soi d'une femme afin qu'elle soit plus vulnérable à vos avances."
Typiquement : "Tu es plus intelligente que tu en as l'air" ; "Tu serais encore plus belle si tu perdais 5 kilos" ; ou "Tu es drôle pour une femme !". On genre volontairement ces adjectifs car le "negging" est sexiste (et bien souvent grossophobe et psychophobe), et s'immisce généralement dans les relations hétéros.
Pourquoi ? Eh bien pour la bonne raison qu'il est prôné par une catégorie de masculinistes bien connue : les pickup artists, ces auto-proclamés séducteurs misogynes qui jugent bon de "ramasser" ("pickup" en anglais) les femmes dans la rue et de les forcer à discuter avec eux malgré leurs évidents signes de refus. Des harceleurs en bonne et due forme, qu'on se le dise.
"Le negging est un mot inventé par les pickup artists, où quelqu'un vous insulte en quelque sorte pour augmenter sa valeur sociale dans votre tête", confirme sur TikTok Ali, dating coach, dans une séquence éclairante. "Bien que nous sachions que n'importe qui peut nous insulter, il y a une partie de notre cerveau qui pense : 'Bon, ils viennent de m'insulter, ils doivent être meilleurs que moi, je dois leur prouver ma valeur'." Et c'est là que le piège se referme.
Heureusement, des signes trahissent ce genre d'attitude moisie avant qu'elle ne nous blesse trop, et des moyens de mettre un terme franc aux tentatives non moins pourries de ruiner notre confiance en nous existent. Les voici.
Il y a plusieurs points qui permettent d'identifier que vous êtes dans une relation avec quelqu'un qui ne vous veut pas du bien. En regardant ce que vous balance l'autre, mais aussi en analysant votre propre comportement face au sien.
D'abord, on remarque qu'on passe son temps à essayer de lui montrer qu'on vaut le coup. La faute aux faux compliments qu'on décrivait plus haut. "La personne visée se concentre sur le défaut [qui se cache derrière la phrase] et commence à essayer de le corriger pour obtenir l'approbation de son partenaire", observe l'experte en relations Donna Arp Weitzman auprès du magazine Bustle.
Autre détail qui n'en est pas un : la façon dont votre partenaire passe son temps à vous comparer à son ex, allant jusqu'à utiliser cette compétition pour vous pousser à agir de telle ou telle manière, sexuellement notamment. Ou encore à faire des blagues sur vous, votre corps, votre esprit, vos manies.
Et gare à vous si vous ne riez pas, ou si vous le prenez mal : cela mènerait encore une fois à des critiques. "Ils font croire qu'ils sont sur un mode léger et amusant et peuvent même se moquer de votre manque de sens de l'humour si vous ne trouvez pas tout drôle", précise le psy Paul DePompo au site américain.
Et puis pour couronner le tout : les adeptes du "negging" sont souvent occupés, sous-entendu qu'ils ont mieux à faire que passer du temps avec vous. Envie de savoir comment se débarrasser de ce poison ? Voyez plutôt.
Il n'y a pas 36 solutions. Ni trois, d'ailleurs.
La première : la confrontation. Exprimez sans filtre ce que ses propos vous font ressentir. Sa réaction en dira long. Si votre partenaire est choqué, bouleversé et prêt à changer (et plus important, vous le croyez), il vaut peut-être la peine de lui donner une chance. Mais s'il nie en bloc et refuse d'endosser la moindre responsabilité, c'est le signal que vous devez fuir et ne jamais vous retourner, avant que le contrôle et la manipulation qu'il exerce déjà sur vous ne s'aggrave.
La deuxième : rompre sur-le-champ. C'est vous en réalité, qui avez mieux à faire de votre temps que de le passer à subir la masculinité toxique d'un homme qui - très certainement - porte ses caleçons trois jours d'affilée et cite Henry David Thoreau, misogyne convaincu et reconnu, comme référence ultime.
Dans les deux cas, assurez-vous d'une chose, c'est que vous n'y êtes pour rien. Le problème vient uniquement d'en face, et d'une société qui encourage ce type d'énergumènes à vouloir exercer une toute-puissance problématique à bien des égards.
Quoiqu'il en soit, ne désespérez pas. Il y en aussi qui font le taf nécessaire pour se dépêtrer de cette foutue marmite du patriarcat dans laquelle ils sont tombés étant petits. Et eux le valent, le coup.