Vous avez trouvé l'âme soeur. Ou plutôt, quelqu'un qui vous fait prendre conscience du véritable sens du mot "partenaire". Tous·te·s les deux, vous avancez en équipe. Vous vous soutenez, vous faites ressortir le meilleur chez l'autre et vous semblez sur la même longueur d'onde quant au futur, qui se dessine d'ailleurs joliment.
Vos ami·e·s l'aiment, vos frères et soeurs l'aiment, votre boulangère l'aime et même vos voisins, depuis qu'il·elle les a aidés à monter leur fauteuil (de quatre tonnes au bas mot) au sixième étage sans ascenseur. En même temps, ça ne vous étonne pas : la personne a tout pour plaire. La gentillesse, l'humour, l'intelligence et le goût d'un silence parfois nécessaire. Jackpot sur tous les fronts.
Oui mais voilà, vos parents n'ont pas l'air de lui trouver ce sur quoi le reste de votre entourage s'accorde. Pour parler franchement : ils ne peuvent pas l'encadrer. Et vous, vous n'arrivez pas à saisir la raison de ce quasi dégoût qui émane de ceux qui vous ont élevée. Vous avez beau chercher, il n'y a pas eu de discussions houleuses lors des (rares, du coup) fois où vous leur avez rendu visite ensemble, ni de "mauvais" pas de son côté. Et puis quand bien même, vous n'avez plus dix ans, ils devraient se montrer plus respectueux de vos décisions.
Ce que vous vivez n'est clairement pas isolé, on ne vous apprend rien. Pour preuve : les querelles familiales et autres désapprobations parentales nourrissent la littérature et le cinéma depuis la nuit des temps. Roméo en sait quelque chose, peuchère. Et Johnny Castle aussi.
Fort heureusement, il existe des stratagèmes dans la vraie vie pour éviter d'en arriver à la fin tragique du premier, et à la fuite façon "cheval sauvage" du deuxième. Deux mots : médiation et recul. Des expert·e·s donnent la marche à suivre.
"J'ai travaillé avec de nombreux couples qui ont fréquenté ou épousé quelqu'un contre la volonté de leurs parents", raconte Nicole Artz, thérapeute conjugale et familiale installée en Californie, à HelloGiggles. "Et je ne vais pas édulcorer le stress : c'est éprouvant, frustrant et carrément [épuisant]". Elle l'affirme : la relation enfant-parents en pâtit, et le couple n'en ressort pas indemne non plus.
Pour la psy, il est impératif d'engager "une conversation ouverte aussi souvent que possible". De s'asseoir, seule avec eux d'abord, pour aborder ce qui leur déplaît. De discuter concrètement des comportements qu'ils considèrent problématiques ou désagréables. Puis de leur apporter sa propre version des faits, ou d'expliquer ce qui nous rend heureuse, ce qui nous touche chez l'autre.
"La plupart des parents ont au moins une opinion ou un espoir inconscient quant à la personne avec laquelle leur enfant va s'associer, et le choix d'une personne significative qui s'écarte de cette vision peut susciter le chagrin, la colère, le déni, l'évitement du partenaire ou de l'enfant et l'aversion", avance de son côté Kathleen Dahleen DeVos, psychothérapeute, auprès du HuffPost US. Aussi injustes et incohérentes soient-elles, ces attentes peuvent être à la source d'un jugement hâtif, que la communication aidera - on l'espère - à nuancer.
La psy Tina Tessina, elle, évoque au média américain un potentiel mécanisme de protection, qui viendrait du passé douloureux que l'on a pu connaître, sentimentalement parlant. "Si vous avez déjà eu des relations qui ont été dommageables - des violences conjugales, un abus financier, de nombreuses disputes, une mauvaise rupture - vos parents auront également des raisons de s'inquiéter".
Elle conseille alors de se mettre à leur place et de les rassurer, plutôt que de condamner leur réaction. "Au lieu d'être sur la défensive, prenez une minute pour regarder votre partenaire de leur point de vue, et pensez à ce que vous pouvez faire, ensemble, pour garantir à vos parents que tout va bien", en passant de courts moments ensemble notamment, qui leur donneront l'occasion d'interagir avec lui ou elle. Et puis, qui sait, peut-être mettent-ils le doigt sur de véritables soucis à résoudre.
Certes, la situation est frustrante, mais vos parents ont bel et bien le droit de ne pas apprécier votre partenaire (si tant est que leur opinion ne découle pas de préjugés racistes ou LGBT-phobes, évidemment condamnables). A vous, donc, de prendre un peu de distance avec l'importance de leur bénédiction à vos yeux. Et de mettre en place des limites pour que leur vision négative ne vienne pas altérer votre bonheur.
"Cela peut inclure un filtre des informations que vous choisissez de leur communiquer sur votre idylle", liste Kathleen Dahleen DeVos. "Ou bien de passer moins de temps avec eux et votre partenaire, si leur avis et leur comportement se révèlent particulièrement nuisibles, voire préjudiciables à votre relation".
"Soyez très claire avec vos parents, c'est votre choix, pas le leur", martèle à son tour Tina Tessina. "Voyez-les à l'occasion sans votre partenaire, et racontez de belles histoires sur votre relation." Dans la plupart des cas, avec un peu de temps, ils finiront par respecter votre décision. Et si ça ne suffit pas à calmer leur mécontentement : "Coupez les ponts jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'ils doivent accepter votre choix", incite la spécialiste.
Aux grands maux, les grands moyens ? Ce qui est sûr, c'est que vous seule savez ce qui vous rendra heureuse, et donc vers qui faire pencher la balance.