Benoît Galy : D’abord, il faut se poser les bonnes questions et notamment celle-ci : est-elle la personne la plus appropriée pour travailler avec moi sur ce projet ? Cela semble être une évidence, et pourtant. Quand on demande aux chefs d’entreprises ce qui fait fonctionner une association, tous s’accordent 83% d’entre eux répondent : la complémentarité, en évoquant cet exemple typique, de la rencontre d’un commercial et d’un technicien. Pourtant, quand on les interroge sur le choix de leur associé, seuls 44% affirment avoir choisi une relation professionnelle. Pour les autres, il s’agit de personnes de l’entourage proche, amis ou famille. Et si l’on creuse un peu plus la question chez ceux qui ont décidé de travailler avec un collègue de travail, on apprend souvent que celui-ci s’avère être un copain de boulot ou d’université. Or, le choix ne devrait pas se faire sur ce critère de proximité, mais plutôt sur celui des compétences. Une entreprise n’a pas deux patrons, il faut être capable de découper les tâches.
B. G. : C’est une véritable aventure humaine, mais il y a aussi une réalité entrepreneuriale. Choisir un proche est d’autant plus risqué qu’avec lui, on aura tendance à ne pas suffisamment se préparer. Dans ces cas-là, on se dit qu’« on verra bien », on ne définit pas les rôles de chacun, on ne prévoit pas de clause de sortie. Alors qu’en réalité, c’est parce que cette relation est importante, qu’il faut faire attention à tous ces aspects…
B. G. : Savez-vous quel est le problème que l’on rencontre dans une association sur deux ? L’un des deux associés ne vient pas travailler ou, au moins, pas autant que prévu. C’est pour cette raison qu’il faut bien choisir les statuts de chacun : associé ou actionnaire. La grande différence ? Un associé ne se paie pas, il apporte sa force de travail. Un actionnaire se paie, dès le premier jour, quoi qu’il arrive. Et de cela, il faut en parler avant et surtout préparer une clause de sortie. Celle-ci peut être rédigée soit dans les statuts mais elle est publique, soit dans un pacte d’associé, c’est-à-dire dans un document confidentiel qui pourra comporter aussi les conditions de rémunération, de rachat, de processus de prise de décision, etc.
B. G. : Choisir son statut dépend de deux choses : son niveau de connaissance juridique et sa richesse. De façon générale, 75% des entreprises sont des SARL, les autres sont des SAS, les dernières enfin ont des statuts très marginaux. Comment choisir ? La SARL a l’avantage d’être peu chère : avec 1000 euros, on peut avoir des statuts. Inconvénient, le cadre est figé : il s’agit de celui prévu par la loi. Si l’on décide de faire ce choix et que l’on n’a pas les moyens de se payer un avocat, l’idéal est de prévoir au moins une clause de sortie. Dans le cas d’une SAS, le cadre est moins contraignant, ce qui induit d’avoir des idées précises sur ce que l’on veut faire. C’est donc un statut plutôt recommandé pour les entrepreneurs aguerris et qui demandent de se faire aider impérativement par un avocat. Quant aux autres statuts, ils concernent des secteurs très spécifiques, et représentent une toute petite partie des entrepreneurs.
B. G. : Les parts des associés sont réparties a priori mais peuvent être réajustées en fonction de l’investissement et des envies de chacun, mais pour que ça marche, il faut avoir eu l’habitude d’en parler ensemble. Les autres leviers qui vont permettre de régler les tensions peuvent aussi être évidemment un changement de rémunération ou une négociation de note de frais…
B. G. : La séparation doit avoir été préparée dans les phases en amont. Il ne s’agit d’ailleurs pas forcément d’un échec de collaboration, mais simplement de chemins qui divergent à un moment donné. Pour qu’elle se passe au mieux, il faut créer du dialogue et faire le deuil de cette relation. On peut se faire aider par des coaches pour dénouer les liens et surtout apprendre à séparer les problèmes des personnes. L’idée : s’attaquer à cette séparation à deux plutôt que l’un contre l’autre. Et enfin, réfléchir à la question de la valorisation : qui reste ? Qui repart avec quel client ? Souvent, les entrepreneurs n’ont pas la notion de la valeur de leur entreprise avant qu’il y ait un conflit. L’idéal est d’avoir recours à un tiers, un expert-comptable formé pour les aider.
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